SOCIETE

KOURITENGA : l’insalubrité qui coupe le souffle à Koupéla et à Pouytenga

Le lundi 14 août 2023, le premier ministre Dr Apollinaire Kyelem de Tambela, a invité le comité d’organisation du « Marathon de la paix » à gérer l’insalubrité dans la province du Kouritenga. Deux semaines après, Refletinfo.net est allé au constat à Koupéla et à Pouytenga.

Par Wendpouiré Benny Kiemdé

Koupéla est une ville carrefour située à la lisière de la région de l’Est. C’est une ville aux activités commerciales assez développées et très fervente au coucher du soleil, avec des débits de boisson qui tiennent la citée en haleine.

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Mais derrière l’ambiance des débits de boisson très accueillants, la cité des pierres blanches est corrompue de déchets. L’assainissement ne paraît pas la chose la mieux partagée. L’insalubrité coupe le souffle.

Des ordures dans l’eau à proximité d’un maquis à Koupéla

 Le premier ministre Dr Kyelem de Tambela, fils de la province, faisait le 14 août 2023, une observation embarrassante dépourvue de douceur, au comité d’organisation du « Marathon de la paix » à qui il avait accordé une audience.

 A propos de l’assainissement dans la province, il ordonnait : «…veiller à l’assainissement. Que ce soit à Pouytenga ou à Koupéla, ces villes sont sales. Regardez les sachets…nos villes sont des porcheries. On a l’impression que ce ne sont pas des humains qui y vivent ».

Des caniveaux transformés en dépotoirs publiques

Des semaines après l’interpellation du premier ministre, le moteur d’assainissement n’est pas encore en route. Nous sommes le 31 août 2023.

A notre arrivée, nous tombons sur une scène au niveau du pont situé à la sortie Est, sur la route de Fada N’Gourma, à quelques pas de l’hôtel de ville.

Là, deux femmes arrivent sur une moto avec un sac rempli de détritus. Certainement une mère et sa fille. Elles descendent de leur monture, puis se mettent à vider le contenu sous le pont.

Un peu plus loin, une autre femme, une vieille, défait le nœud d’un sac antique qui vomit des déchets dans un caniveau. Tout se passe près d’une buvette sous les regards insouciants des clients qui se rafraîchissaient. Personne ne s’en émeut.

Des femmes déversant des ordures dans un caniveau dans la ville de Koupéla. @Reflet info.

Le temps d’une captation d’image, elles avaient déjà fini. Interpellée par notre action, la plus jeune fille s’en presse de nous demander. « Vous êtes journaliste ? Je viens d’avoir mon Baccalauréat et le journalisme m’inspire ».

Nous profitons de son ouverture pour lui poser cette question: « pourquoi, jetez vous des ordures ici ? » « L’eau de pluie les emportera », répond-elle négligemment, avant de démarrer sa moto en trompe pour disparaître.

Dans le centre-ville, des déchets plastiques et autres résidus traînent un peu partout. Cette situation arrive parce que personne ne veut s’abonner aux structures privées qui gèrent les déchets ménagers, explique Aissata Angelina Traoré, Haut-Commissaire de la province du Kouritenga.

 « Quatre associations pour la vidange des déchets dans les ménages et autour du marché central existent. Mais, beaucoup de ménages ne veulent pas y adhérer pour vider leurs ordures, en s’abonnant », déplore-t-elle.

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Des actions pour le changement de comportements en cours

Devant quelques domiciles et le marché, nous avons pu observer rarement de poubelles. Des tas de dépôts sauvages d’ordures sont frappants à l’œil dans les lieux publics. Les ponts et les caniveaux servent de bac à ordures.

Selon Aissata Angelina Traoré, « des réponses structurelles » sont en train d’être déployées pour permettre la prise en compte efficace de l’assainissement à Koupéla et à Pouytenga.

Kouritenga, insalubrité à Koupéla et à Pouytenga
Aissata Angelina Traoré, Haut-Commissaire de la province du Kouritenga.

Pour le cas spécifique de Koupéla, « des actions de sensibilisation sont menées » pour le changement de mentalité et de comportements en faveur d’un environnement sain, précise-t-elle.

Des poubelles publiques inutilisées à Pouytenga

A 15 heures, nous arrivons à Pouytenga. C’est le jour du marché. Le constat est le même. Dans les allées du marché, des ordures jonchent. Autour du marché, des dépotoirs sont visibles.

Des poubelles dotées par une ONG, sont disposées un peu partout. Mais, elles restent vides pendant que des ordures traînent çà et là. Des centres de dépôts et de tris de déchets existent également.

Blandine Bonkoungou, une habitante de la localité a été témoin d’une scène d’incivisme qu’elle raconte avec regret.

« Quand il pleut, régulièrement, on voit certaines personnes sortir avec leurs ordures jeter dans la rue. Et si tu les interpelles, c’est un problème. L’autre jour, sous une grande pluie, deux dames et un homme sont arrivés avec deux gros sacs de 100Kg pleins de coques d’arachides qu’ils déversaient dans le caniveau. Interpellés, ils nous ont dit que l’eau emportera les ordures », raconte-t-elle, souhaitant « qu’on les sensibilise davantage ».

Assainissement Kouritenga, Blandine Bonkoungou,Pouytenga.
Blandine Bonkoungou, une habitante de Pouytenga.

Nous avons vu des dalles ouvertes et des caniveaux à peine curés à notre arrivée. Les autorités locales approchées, n’ont pas réagi sur la question de l’insalubrité dans la ville.

La question de l’assainissement de la ville ne peut pas être réglée en un seul coup, estime Mahamadi Balima, un autre habitant de Pouytenga. « C’est comme un abri de singe. Pendant que certains construisent, d’autres détruisent. Certains viennent jeter les ordures la nuit », déplore-t-il.

« Tout le problème de l’insalubrité est lié au fait que les gens voient dans les déchets quelque chose d’indésirable », regrette madame le Haut-commissaire. Alors qu’ils peuvent être « une matière première pour faire autre chose dans le cadre du développement en les transformant », dit-elle.

Pouytenga, des poubelles publique inutilisées au marché de Pouytenga.@Libre info
Des poubelles publiques inutilisées au marché de Pouytenga.@Libre info

En principe, chaque commune dispose d’agents techniques chargés des questions d’assainissement. Avec la décentralisation, les communes sont dotées d’une autonomie de fonctionnement leur permettant d’adapter leur contexte d’assainissement.

Un décret de transfert de compétences a été pris à cet effet, mais les ressources financières n’ont pas suivi. Si fait que les communes sont obligées de puiser dans leurs fonds propres pour gérer leur assainissement.

Mais combien des neuf communes de la province du Kouritenga, disposent des ressources financières propres pour le faire ?

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