« Qu’est-ce que la certification en formation professionnelle ? Qui certifie ? Qui peut être certifié ? Quels sont les avantages d’être certifié ? », sont entre autres, des questions que nous abordons dans cet entretien avec Joseph Nana. Il est le directeur de la maison de la certification de Burkina Suudu Bawdè, la Maison des compétences du Burkina Faso.
Par Siébou Kansié
Refletinfo.net : Qu’est-ce que la certification en formation professionnelle ?
Joseph Nana : La certification professionnelle est un processus de reconnaissance officielle des compétences professionnelles d’un apprenant ou d’un professionnel des métiers.
Refletinfo.net : Qui peut certifier ?
Joseph Nana : Au Burkina Faso, seule peut certifier les compétences professionnelles, la structure en charge de la certification professionnelle. Ce fut dans le temps, le Secrétariat Permanent de la Commission Nationale de la Certification (SP/CNC), et aujourd’hui, la Maison de la Certification Professionnelle de Burkina Suudu Bawdè (MCP/BSB).
Refletinfo.net : Qui peut être certifié ?
Joseph Nana : Peuvent être certifiés toute personne ayant suivi une formation professionnelle d’un contenu conforme au référentiel de formation du métier concerné. Cela suppose au préalable, que le métier dispose de référentiels. A défaut, les métiers qui disposent d’un programme officiel reconnu par le ministère en charge de la formation professionnelle.
Peuvent également être certifiés par le biais de la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE), les travailleurs pouvant faire la preuve de leur compétence et leur expérience dans un métier. Comme pour les examens classiques, ce métier doit disposer de référentiel de formation ou d’un programme officiel.
Refletinfo.net : Voulez-vous dire qu’une personne qui n’est jamais allée à l’école et qui sait mieux exercer un métier peut être certifiée ?
Joseph Nana : Par le biais de la VAE c’est bien possible. Puisque, par principe, aucun niveau scolaire n’est exigé. Cependant, tout dépend du titre professionnel recherché. Au CQB, on n’exige aucun niveau scolaire, même pour les examens classiques. Au BPT ou au BPTS, sans doute qu’un minimum de niveau scolaire peut être un atout.
Il faut aussi souligner qu’on peut avoir un niveau scolaire donné sans avoir été à l’école classique. Par le biais de l’auto-formation, comme le cas des autodidactes. Et tout ça se comptabilise dans l’évaluation de l’expérience.
Refletinfo.net : Avez-vous des exemples où des professionnels qui ne sont pas allés à l’école ont été certifiés ?
Joseph Nana : Bien sur ! Au CQP, par exemple, on peut composer dans certaines langues nationales (Dioula, Mooré, Fulfuldé, Gulmacema pour le moment), d’où l’ouverture « ou savoir lire et écrire dans les langues nationales » parmi les conditions de candidature.
Par la VAE, des travailleurs ont eu leur CQB et CQP, sans avoir été à l’école.
Refletinfo.net : Succinctement, qu’elle est la procédure pour être certifié pour ces professionnels en pleine activité qui n’ont pas le temps de suivre une formation à temps plein ?
Joseph Nana : S’inscrire aux examens nationaux avec le statut de « professionnel », quand ils remplissent les conditions de candidature. Tout simplement. Ou encore, s’inscrire pour suivre un parcours de VAE.
Refletinfo.net : Comment se fait la certification ?
Joseph Nana : La certification à partir du niveau de qualification d’Ouvrier Qualifié (CQP) se déroule en deux phases : la phase théorique et la phase pratique. La phase théorique concerne les connaissances pratiques du métier (Cognitif). La phase pratique concerne les éléments purement pratiques, c’est-à-dire, à la pratique concrète du métier (Psychomoteur). Par exemple, le menuisier sera appelé à produire une table ou un banc.
Refletinfo.net : Pourquoi est-il nécessaire d’être certifié ?
Joseph Nana : Être certifié est nécessaire dans le sens qu’il permet la reconnaissance par une structure nationale de ses compétences. Cela fait foi partout où on est appelé à faire valoir ses compétences. C’est donc un moyen de sécurisation de son parcours professionnel.
Refletinfo.net : Qu’elle est la différence entre le certificat, le diplôme et l’attestation ?
Joseph Nana : Un certificat c’est un parchemin en principe obtenu après une évaluation faite par une structure dont la crédibilité est bien reconnue. Au-delà de la structure qui doit être d’une grande crédibilité, l’évaluation doit se référer à une norme bien reconnue. C’est le cas des référentiels des métiers en ce qui concerne les certificats de nature professionnelle.
L’attestation est un parchemin qui couronne une formation quelconque que l’on a suivi. Toutes les structures peuvent délivrer des attestations, contrairement aux certificats. En outre, il peut être juste délivré des attestations de participation sans lien à une évaluation quelconque.
Le diplôme c’est le document qui matérialise un succès suite à un examen ou une certification dont on a été déclaré admis.
Refletinfo.net : Parlez-nous des différents dispositifs de certification et qu’est-ce qui est le plus adapté au contexte burkinabè ?
Joseph Nana : Il y a essentiellement trois dispositifs de certification professionnelle. D’abord, les examens nationaux organisés chaque année et ouverts à tous les apprenants, apprentis et professionnels des métiers concernés.
Ensuite, il y a les sessions spéciales communément appelés certification par habilitation pour les candidats des opérateurs qui forment dans les métiers ou titres non pris en compte dans les examens nationaux. Ces certifications sont à la charge des opérateurs qui les demandent et peuvent se faire à tout moment de l’année.
Enfin, la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE), qui est un dispositif qui est mis en place pour les professionnels des métiers pouvant faire la preuve de leurs compétences professionnelles.
Chacun de ces trois dispositifs est adapté à un public cible donné.
Refletinfo.net : Quels sont les avantages de la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) ?
Joseph Nana : La VAE a plusieurs avantages. Mais nous feront cas des deux essentiels :
Dans un premier temps, elle n’exige pas un niveau scolaire quelconque du candidat. Seule compte la bonne maîtrise de son métier et son expérience professionnelle.
Ensuite, elle ne perturbe pas l’exercice du métier du candidat durant le processus de la validation au nom du principe de l’évaluation centrée sur le candidat.
Cela signifie que le processus de VAE est aménagé tenant compte de la disponibilité du candidat.
Refletinfo.net : Quels sont les métiers de la formation professionnelle ?
Joseph Nana : Il y a plusieurs métiers dans la formation professionnelle. Ils sont issus des spécialités qui sont issues des filières qui elles, sont issues des secteurs d’activité. Par exemple, on dénombre plus de 300 métiers dans le secteur de l’artisanat. Mais eux tous, ne font pas l’objet de formation dans une structure de formation. La plupart sont des métiers qui, pour le moment, s’apprennent sur le tas.
Refletinfo.net : Quels sont les métiers qui ne sont pas courants ?
Joseph Nana : Il y a des métiers classiques et d’autres moins connus. Par exemple, le métier de couturier est celui qui est le plus connu et qui mobilise plus de candidats aux examens. En 2024 par exemple, plus de 50% des candidats aux examens nationaux du CQP étaient du métier de couturier.
Les métiers les moins couramment rencontrés sont ceux du secteur industriel du fait du niveau relativement faible de ce secteur dans notre pays [le Burkina Faso].
Document très bien détaillé et utile à consulter et à connaître.
Merci de l.voir publié, et à mon tour je vais le partager largement.