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Transport urbain : l’insécurité affecte les activités des taximen à Koupéla

Les conducteurs de taxi-motos de Koupéla, chef-lieu de la province du Kouritenga, région du Centre-Est, crient à la morosité du marché. D’aucuns passent toute la journée sans travailler. L’insécurité dans le pays et dans la région, expliquerait cette situation.

Par Siébou Kansié

Les véhicules couramment destinés au transport payant de passagers et de leurs bagages dans les villes et périphéries, sont des voitures appelés taxis.

A Koupéla, ce sont des engins à deux roues nommés « taxi-motos », qui assurent ce service.

Les personnes qui se sont assignées cette tâche, vivent par ricochet, les effets collatéraux de l’insécurité dans leur activité.

 Elles sont dans une léthargie depuis l’enlisement de la situation sécuritaire dans le pays. Plus rien ne fonctionne comme avant. Ils chôment.

« Depuis le matin jusqu’à cette heure (10h), il n’y a pas de travail; tu nous vois tous garés », s’attriste un conducteurs de taxi-moto stationné près de la gare de transport Staf de Koupéla.

Le samedi 29 juillet 2023, nous les avons trouvées stationnées à leur quartier général près de la gare de Staf de Koupéla. A 10h, huit taxi-motos, sont sur cales.

 Certains conducteurs, prennent leur repos sur les selles. D’autres, rodent aux environs de la gare à la recherche d’éventuels clients.

Idrissa Kouraogo, fait partie des douze conducteurs de taxi-moto que comptent la ville. Il y exerce depuis 6 ans.

Il a passé la journée de vendredi 28 juillet 2023, sans un client. « Je suis resté jusqu’à 14 h sans empocher 500F. Le marché actuellement, n’est pas favorable. »

Lui qui pouvait engranger un bénéfice journalier de plus de 5 000 FCFA, se retrouve maintenant, parfois, sans un copeck à la fin de la journée.

« Si le chanceux a beaucoup bossé, il peut obtenir un gain compris entre 3000 à 4000F par jour. Il est très rare d’excéder cette somme maintenant. »

Cette difficile situation que lui et ses compagnons traversent dit-il, a commencé à l’entame de l’année 2022.

C’est à cette période soutiennent les autres en chœur, que l’abattement du marché lié au contexte sécuritaire a commercé à se manifester.

L’insécurité source de tous les maux

L’insécurité est la peste qui ronge l’activité des taximen de Koupéla. Ce facteur a réduit leur champ d’intervention.

« Avant, je partais dans beaucoup de villages. Maintenant, je ne peux plus le faire. Je ne me déplace plus dans les localités avec l’insécurité.

Je me limite aux alentours de Koupéla tels que Pouytenga, Liguid-Maneguem et la commune de Yargo. Maximum, 15 Km. », explique tristement Idrissa Kouraogo, le porte-parole des conducteurs de taxi-motos de Koupéla.

Idrissa Kouraogo, le porte-parole des conducteurs de taxi-motos de Koupéla.

Il témoigne avoir vécu une mésaventure lors qu’il a tenté de franchir la province du Boulgou. « La dernière fois, j’ai conduit un client dans la commune de Bissiga (province du Boulgou, 45 km) et on m’a arrêté.

La moto a été gardée durant dix-huit jours avant que je ne puisse la retirer à la gendarmerie de Tenkodogo après paiement d’une amende pour infraction. »

…de l’augmentation du carburant

Le prix fixe du taxi-moto à l’intérieur de Koupéla était de 300 FCFA. Mais avec l’insécurité qui a engendré l’augmentation du prix de l’essence à deux reprises à la pompe, le tarif a été revu à la hausse : 500 FCFA.

Et là, la clientèle se fait rare avec la méfiance des uns par rapport aux autres du fait de l’insécurité dans le pays, explique les taximen, rapportant les propos de la plupart des clients qui disent que « leurs affaires ne fonctionnent plus à cause de l’insécurité ».

…dans l’attente des clients

 Les taximen sont aux aguets dans les gares des compagnies de transport en commun. C’est en ces lieux qu’ils obtiennent leurs clients. « Nous stationnons près des gares parce que c’est là que nous gagnons nos clients.

Nous pouvons aussi avoir de nouveaux clients au retour d’une mission, lors que nous déposons un client et revenons à la base. Aussi, nous avons des abonnés et de fidèles clients qui nous appellent directement au téléphone ».

Des dispositions sécuritaires informelles qui fonctionnent

L’insécurité liée au terrorisme a commencé à prendre des proportions inquiétantes à partir de 2017.

Dès lors, les taximen disent avoir compris la répercussion que cela pourrait avoir sur leur gagne-pain.

Ayant attendu sans succès des instructions sécuritaires, ils se sont concertés pour définir des consignes pouvant les protéger.

« Nous n’avons pas reçu une formation sécuritaire alors que nous transportons des personnes que nous ne connaissons pas.

Ça nous expose énormément. D’où les consignes que nous nous sommes nous-mêmes édictées. », explique M. Kouraogo.

Ces dispositions selon le représentant des taximen, sont : « D’abord, nous demandons la provenance et la destination du client ou de la cliente.

Ensuite, nous regardons sa carte nationale d’identité pour nous assurer qu’elle n’est pas expirée et que c’est bien la personne.

Enfin, nous apprécions très rapidement ces informations. Si nous doutons de son lieu de provenance et sa destination, nous refusons de l’embarquer.

Mais si nous découvrons qu’il ne présente pas de risques, nous le conduisons à destination. En cas d’absence de la pièce d’identité nationale, nous refusons. »

Les difficultés que vivent les taximen

Les conducteurs de taxi-motos de Koupéla vivent des encombres de plusieurs ordres qui entravent leur activité.

« Nous avons plaidé en vain auprès de la Mairie pour qu’elle nous aide avec des motos qu’on remboursera progressivement. Mais elle n’a pas adhéré à notre projet.

C’est la société Kaba Kaba qui nous a proposés une offre de moto à 625 000F CFA l’unité, contre une avance de 100 000F. Le reste nous remboursons mensuellement à l’ordre de 50 000F.

Nous payons 18 000 FCFA de taxes par an à la Mairie. Actuellement, avec le marché qui est morose, c’est difficile d’honorer cette taxe. Mais la Mairie ne semble pas être compréhensive pour nous donner assez de temps de payer à notre rythme. »

…respect des feux tricolores

L’autre soucis qui ne l’est vraiment pas, a trait au civisme que la Police Municipale de Koupéla défend.

D’un ton comique mais apparemment sérieux, Idrissa Kouraogo lance : « Lorsque nous brulons le feu tricolore et la police municipale nous arrête, il est difficile de les convaincre qu’un client nous attend urgemment. C’est ce qui nous dérange surtout notre activité. »

D’aucuns diront : « Ne brûlez plus le feu et le problème est résolu !Mais quand un client vous attend et le feu tarde, il cherche ailleurs et vous perdez. Avec le marché qui est aussi souffrant, si tu perds un client, c’est une déception toute la journée. Quand la circulation n’est pas dense, la Police municipale devrait nous comprendre», explique le taximan.

Feu tricolore Koupéla-Reflet info
Un feu tricolore à Pouytenga,commune située dans la province du Kourittenga,région du Centre-Est@Reflet info.

Pour mieux faire face à ces goulots, l’ensemble des conducteurs de taxi-motos ont en perspective, la mise en place d’une association pour disposer d’un cadre légal pour défendre leurs intérêts.

« Nous sommes 12 personnes et nous nous entendons bien. Nous mettrons en place une structure légale pour mieux poser nos préoccupations aux autorités », conclut M. Kouraogo.

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