Opération Barkhane, de la gloire au déclin au Sahel
Le Président français Emmanuel Macron a officiellement annoncé la fin de l’opération Barkhane au Sahel le mercredi 9 novembre 2022. A Toulon, il a déclaré : « J’ai pris la décision, en coordination avec d’autres acteurs, de mettre fin à l’opération Barkhane. »
L’opération Barkhane est une opération militaire française déployée au Sahel il y a neuf ans de cela. Il couvre les pays tels que le Tchad, le Mali, le Niger, le Burkina Faso et la Mauritanie. Elle prend officiellement fin en queue de poisson, sur fond de colère et de rejet par des populations locales des pays d’intervention, surtout au Mali où cette force était plus encrée.
Les soldats de l’armée française, l’on se souvient, avaient été en 2013, accueillis en liesse par les populations maliennes qui voyaient en eux, leur sauveur de l’hydre terroriste. Mais après quelques années d’intervention, elles ont désenchanté et rejeté cette force devenue Barkhane comme un objet de trop, qui gêne la quiétude nationale. Refoulée du territoire malien, Barkhane s’est réarticulée au Niger. Là aussi, elle n’est pas la bienvenue aux yeux de certaines populations.
Ces séries de rejet, ont amené le Président Macron à réfléchir à l’avenir de Barkhane au Sahel. L’option qui lui a paru la meilleure, est sa suppression. Et il l’a officiellement actée. « J’ai pris la décision, (…) de mettre fin à l’opération Barkhane », a-t-il annoncé en précisant que la France, elle, reste au Sahel.
L’armée française va changer de stratégie pour rester en Afrique, foi du Président Macron qui compte d’ici à six mois, « changer de méthode » pour adapter son dispositif militaire.
« Notre engagement avec les pays africains doit être centré sur une logique d’appui et de coopération, c’est pourquoi nous lancerons une phase d’échanges avec nos partenaires africains, pour faire évoluer le statut et les missions des bases françaises en Afrique », a-t-il indiqué.
Un échec apparent de neuf ans d’opération
D’abord déployée au Mali sous le nom de Serval en 2013, l’opération est rebaptisée Barkhane en 2014. Mais elle sera expulsée du pays en 2022 au regard d’une série d’erreurs commises et de son incapacité à venir à bout du terrorisme, selon les autorités maliennes.
Des militaires de Barkhane ont par exemple, bombardé un mariage tuant au moins 19 civils près du village de Bounti au centre du Mali. Ce qui a contribué à nourrir un sentiment anti-français dans ce pays. La force a été plusieurs fois accusée par les autorités maliennes d’être de mèche avec les groupes armés qui sèment la terreur dans le pays.
Si la France ne cesse de répéter qu’elle a perdu 59 soldats sur les 5 500 soldats déployés dans le cadre de l’opération Barkhane, cela semble ne pas suscité de l’empathie populaire pour cette opération.
Au Burkina Faso, des manifestants réclamaient également de façon incessante, le départ de Barkhane du pays. Les manifestations lors du coup d’État du 30 septembre 2022, sont marquées par le paroxysme du sentiment anti-français.
Des croquants en colère, ont mis le feu à l’ambassade de France ainsi que les instituts français de Ouagadougou et de Bobo Dioulasso. Ils réclamaient ainsi le départ de la France et de ce fait, la force militaire française installée à quartier Kamboissin de Ouagadougou.
Au Niger voisin également, quelques manifestants irréguliers réclament de temps en temps le départ de Barkhane du pays.
Si l’opération Barkhane n’est pas rejetée de façon systématique dans le reste des pays sahéliens où elle est déployée, sa présence n’est pas non plus acclamée. Ce qui donne un apparent échec de l’opération Barkhane qui ne saurait donc se jeter des fleurs.
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