Le socio anthropologue journaliste, panafricaniste, Da Sié de Bindouté qui vit aux États-Unis, a accordé une interview à Refletinfo.net. Dans l’entretien, l’actualité au Burkina et à la Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), a été évoquée. Nous vous proposons un extrait de l’interview où Da Sié de Bindouté, propose des clés pour une opérationnalisation de la Confédération de l’AES.
Propos recueillis par Jean-Marc Kambou, collaborateur
Refletinfo.net : Pourquoi êtes-vous contre la Commission nationale de la Confédération de l’AES ?
Da Sié de Bindouté :En tant que panafricaniste, nous soutenons tous l’AES ; tout le monde a l’espoir. Mais l’AES en elle-même, a des limites qu’il faille corriger rapidement. Personnellement, je ne suis pas pour une Commission nationale de la Confédération de l’AES.
Je ne suis pas pour, je ne partage pas cette idée. Parce que les commissions ont toujours tué beaucoup de choses en Afrique, surtout en Afrique francophone. Cette culture de commission n’a jamais marché.
Si le Burkina a une commission nationale de la Confédération de l’AES, ça veut dire que le Niger et le Mali en auront. Et après c’est quoi ? C’est pour venir mettre en place une commission mixte, alors que l’AES est en train de partir à sa deuxième année. Deuxième année, alors que l’AES du point de vue diplomatique, n’existe pas.
L’AES du point de vue militaire n’existe pas. L’AES du point de vue communicationnelle n’existe pas. L’AES du point de vue économique n’existe pas.
A mon entendement en tant que panafricaniste, quand ils ont mis en place l’AES, ce ne sont pas les idées qui manquent pour une fédération. Je le dis, les Présidents de l’AES ne peuvent pas réinventer la roue. Tout est déjà écrit.
Il faut connaître le panafricanisme pour comprendre que non, il y a des idées qui sont là, il suffit seulement d’une volonté politique pour les appliquer.
Donc pour moi, quand ils ont créé l’AES et ils ont désigné le Président Assimi Goïta comme Président, je proposais qu’il nomme immédiatement un ministre des Affaires étrangères de l’AES. Et je voyais Abdoulaye Diop plus proche de lui pour le faire.
Parce que M. Diop a été au début de cette situation malienne. Il a une expérience dans cette crise. Il peut bien être nommé ministre des Affaires étrangères de l’AES.
Et l’AES créait un ministère de la Défense avec un ministre pour occuper ce poste. Ce qui suppose que l’AES a un état-major général de l’armée. Troisièmement, l’AES nommait un ministre de la Communication pour pouvoir communiquer, diffuser son image, sa vision.
Quatrièmement, l’AES se dotait d’un ministre de l’Économie qui commence déjà à réfléchir sur les grands projets, les grandes orientations économiques de l’espace. Et avec le ministre des Affaires étrangères, l’AES se faisait reconnaître au fur et à mesure.
Et comme je l’ai dit, l’AES déposait immédiatement une demande à l’ONU pour avoir un droit de veto. Et directement, on partait. C’était la Confédération ou c’est la Fédération avec des institutions fédérales. On ne peut pas créer tous les ministères. Mais le ministère des Affaires étrangères est obligatoire.
Le ministère de la Défense est nécessaire. Le ministère de la Communication est indispensable parce que l’Afrique communique très mal.
On a fermé RFI, France 24 et autres, mais quel est aujourd’hui le médium africain qui puisse permettre à l’Afrique de communiquer sa vision ?
L’AES peut avoir un journal conjoint chaque semaine, chaque mois, et disposer des journalistes reporters dans différents pays. Ce n’est pas encore fait. Pourtant, la communication est très importante.
Pourquoi les États-Unis, l’Angleterre, l’Allemagne, la France ont des radios, des médias directement qui servent l’Afrique et l’Afrique aujourd’hui peine à avoir des médias pour elle-même ? C’est ce que les chefs d’État de l’AES devaient comprendre.
Refletinfo.net : Pour vous, qu’est-ce qu’il fallait concrètement faire en lieu et place des Commissions ?
Da Sié de Bindouté : Pour moi, ce n’est pas la Commission qu’il fallait créer. Il fallait y aller directement. Il fallait aller directement à la Confédération. C’est ça même qui va sécuriser les chefs d’État eux-mêmes. Sinon, on va créer des Commissions qui vont travailler à l’interne. Et après, on dira que les Commissions se retrouvent. C’est très long et c’est trop protocolaire.
Et vous voyez aujourd’hui au Mali, leur préoccupation, c’est d’organiser des élections. Comment un pays qui est en guerre peut avoir pour vision, pour objectif d’organiser des élections ? Vous continuez de faire venir des armes. Vous continuez de former l’armée. Ça tire toujours sur le terrain. Vous n’êtes pas en paix. Et c’est vous qui parlez d’élections ? Il faut pour moi, refonder l’État.
Au regard des défis qui se présentent à l’Afrique, il fallait aller directement à un gouvernement confédéral. Mettre en place un gouvernement confédéral n’est pas sorcier. Il suffit de désigner des hommes qui vont commencer.
Et comme je l’ai dit, il peut déjà commencer par un gouvernement de quatre ministres qui vont travailler progressivement à consolider la Confédération et le reste va venir.
Car c’est par là, qu’on va nous respecter. Si on n’a même pas un ministère de la Défense, si on n’a même pas un État-major général des armées, comment on met fin à cette crise ? Et pour moi, dans les dix ans ou plus tard, l’AES doit être à même de lever une armée d’au moins un million d’hommes.
Voilà ma vision en tant que panafricaniste. On n’a plus besoin de perdre le temps à travers des commissions. Après, ce seraient des commissions mixtes.
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Une chose est sûre, les peuples de l’AES sont en avance par rapport aux dirigeants je pense qu’ils peuvent même aller directement à la fédération.Il se pourrait que les commissions sont une étape pour armoniser les actions et les contradictions avant la formation confédéral
Tout affais d’accord