Burkina : l’agitateur politique n’est plus là, il faut impérativement trouver un autre, (Da Sié de Bindouté)

Da Sié de Bindouté est un Burkinabè vivant aux États-Unis. Socio-anthropologue et panafricaniste affiché, il est connu pour ses analyses soutenues sur les actualités et l’histoire africaine, dans les médias. A la faveur du changement du gouvernement burkinabè, il a accordé une interview à Refletinfo.net. Dans l’entretien, il décrypte la situation politique actuelle de son pays et évoque les défis qui se présentent au gouvernement d’Emmanuel Ouédraogo. Il faut impérativement trouver un agitateur politique à la texture de Bassolma Bazié pour l’Etat. C’est essentiel, insiste-t-il. Lisez !  

Propos recueillis par Jean-Marc Kambou, collaborateur

Refletinfo.net : Certains burkinabè vous pronostiquaient au poste de Premier ministre, avez-vous été contacté dans ce sens ?

Da Sié de Bindouté :  Merci de me donner la parole suite au renouvellement du gouvernement du Burkina Faso. Je pense que c’est le Président du Faso qui identifie les personnes qu’il estime à même de l’accompagner dans les différentes fonctions et si vous voulez, dans la gestion du pays dont toute discrétion relève de lui.

Alors, si on trouvait à mes interventions une personne capable d’accompagner le Président du Faso et jusqu’à ce qu’on me voit au poste de Premier ministre, je pense qu’il y a lieu ici, de remercier ces personnes pour la confiance et l’admiration qu’elles ont pour mes idées.

Cependant, tout dépend du Président du Faso. Voilà, c’est le secret ! L’on ne se lève pas un jour et se retrouver Premier ministre ou bien ministre. Je pense que c’est une question de décision qui vient du Président du Faso. C’est une question de discrétion et de principe parce que tout dépend de comment il voit la gestion du pays et aussi, d’où il veut aller.

A ces personnes qui ont été nommées, je leur traduis toutes mes félicitations pour la confiance placée en leur personne. Je leur souhaite une bonne mission, beaucoup de courage et je leur souhaite aussi beaucoup de patience et d’engagement parce que la situation que nous vivons, c’est une situation cruciale dans notre histoire ; donc, ça nécessite beaucoup de sacrifice.

Refletinfo.net : Si votre pays vous appelle pour un quelconque service, allez-vous répondre favorablement ?

Da Sié de Bindouté :  Si le pays m’appelle est-ce que je vais répondre ?

Refletinfo.net : C’est ce que nous voulons comprendre.

Da Sié de Bindouté :  Je pense qu’à ce niveau, c’est une question patriotique et moi, je n’ai pas une réponse particulière. J’ai toujours milité dans le panafricanisme. J’ai toujours milité pour l’éveil des consciences. J’ai toujours milité pour une Afrique vraiment panafricaine et dans le contexte actuel, je dirais une Afrique souveraine, une Afrique libre.

Même étant ici [aux États-Unis­­­], je pense que par la force des choses, je me suis retrouvé en train de participer au débat national, à l’éveil des consciences et à contribuer à la gouvernance du pays à travers mes propositions et à travers aussi mes idées.

Je pense que déjà, je suis dans le combat même si je suis très loin du pays. Il ne faut pas oublier que la question panafricaine, est venue de la diaspora africaine et c’est pour vous dire que n’importe quel lieu où on se trouve, on est appelé si on est convaincu des idéaux du panafricanisme, si on est patriote, on peut contribuer au développement du pays. On peut répondre à l’appel du pays.

Donc étant ici, je réponds déjà à l’appel du pays parce que vous savez très bien que quand on prend la gouvernance du Capitaine Ibrahim Traoré, particulièrement son arrivée n’a pas été facile et par la force des choses, je me suis retrouvé dans le débat.

Son arrivée nous a trouvés sur les plateaux. J’ai tout fait en tout cas, pour que du point de vue idéologique et intellectuel, que cette génération de dirigeants africains, puisse prendre eux-mêmes conscience et du combat qu’ils sont en train de mener, de la dangerosité et la profondeur de ce combat et surtout, le nouveau fardeau qu’ils ont à défendre une Afrique libre, une Africaine indépendante.

Ce combat, je pense que nous l’avons mené et ce n’est pas une question d’être présent ou pas. Étant loin, j’ai compris qu’il fallait vraiment du point de vue intellectuel et idéologique, s’y mettre et c’est ce que j’ai toujours fait. Donc pour moi, même étant loin, je contribue toujours et je suis en train de participer.

Quel que soit l’appel, qu’on m’appelle ou qu’on ne m’appelle pas, je pense que je suis déjà dans le combat. Donc, il n’y a pas de doute là-dessus.

Refletinfo.net : Comment ce renouvellement gouvernemental a-t-il été accueilli par la diaspora vivant aux États-Unis d’Amérique ?

Da Sié de Bindouté :  L’accueil de ce gouvernement par la diaspora, je peux dire que tout le monde attendait un remaniement ministériel parce qu’après deux ans, tout le monde attendait cela. C’est le renouvèlement qui était attendu.

Maintenant, je ne sais pas si ce renouvellement répond aux aspirations ou à l’attente de la diaspora. Toujours est-il que, tout le monde attendait ce renouvellement et c’est normal qu’après deux ans de dur labeur, parce que comme je l’ai dit au début, l’installation du Président Ibrahim Traoré, son arrivée au pouvoir, n’a pas été facile.

Mais il y a eu des hommes et des femmes qui se sont sacrifiées pour l’accompagner et ils ont formé un gouvernement. Pour moi, il fallait qu’il pense à cela. Il n’y a pas eu de vacances, ce qui veut dire que les gens ont travaillé durement.

La diaspora, il faut le dire, je suis de près ce qui se passe au pays parce que ce qui se passe au pays, c’est la fierté comme aussi ça peut être la déception. La diaspora burkinabè s’intéresse à l’actualité burkinabè avec beaucoup d’attention.

Je puis aussi vous dire, que la diaspora ici, n’est pas en reste dans la lutte parce que beaucoup cotisent pour pouvoir soutenir que ce soit les déplacés, que ce soit les VDP [Volontaire pour la Défense de la Patrie].

Beaucoup amènent du matériel que ce soit des habits, des chaussures pour soutenir leur village, leur famille et pourquoi pas aussi la contribution nationale. La diaspora burkinabé est dans le combat, en pleine bataille avec le gouvernement ou si vous voulez, l’Etat burkinabè. Parce que tout le monde a confiance au leadership du Président Ibrahim Traoré. Je pense donc, que la diaspora n’a pas un pied dedans un pied dehors.  La diaspora se bat vraiment pour contribuer et à la stabilité du pays.

Refletinfo.net : Comment pensez-vous au-delà de ce qui est déjà fait, contribuer au développement de votre pays dans ce contexte politique renouvelé ?

Da Sié de Bindouté :  Je pense que rien n’a changé quant à la disponibilité dans l’engagement de la diaspora burkinabè a accompagné l’Etat burkinabè, le Président Ibrahim Traoré dans ce combat et pour lutter contre ce que j’appelle la recolonisation de l’Afrique. Rien n’a changé.

Ce qu’importe, c’est l’objectif ultime. Il faut voir cet objectif ultime : le Burkina Faso. L’objectif ultime, c’est la paix au Burkina Faso. L’objectif ultime, c’est la stabilité au Burkina Faso. L’objectif ultime, c’est le développement du Burkina Faso.

La diaspora étant ici, voyant tout ce qui se passe aux USA, rêve de voir un Burkina qui va demain être un pays développé.

La diaspora contribue à l’effort de guerre et a une expérience à partager. Nous qui sommes là, personnellement, je suis très attaché à l’actualité du pays et vous voyez à chaque fois, je participe au débat étant aux États-Unis.

Il y a beaucoup de Burkinabè aussi qui font pareil à travers des actes concrets qui envoient du matériel, qui envoie de l’argent. Donc pour moi, la diaspora joue un rôle. Elle va continuer de jouer son rôle en tant qu’originaire de ce pays. Le pays est pour nous un repère.

Les Burkinabè sont respectés par ce qu’ils sont très rattachés à leur pays et ont le sens du travail. Nous sommes une communauté très calme.

C’est l’occasion pour moi de saluer tous ces Burkinabé qui travaillent à contribuer à l’effort de guerre, qui travaillent à aider leurs familles, leurs villages qui ont été touchés en tout cas par cette crise.

Malgré la distance, le cœur continue de battre pour notre mère patrie. Notre terre qui nous a vu naître, notre terre où reposent nos ancêtres, on ne peut pas comme on le dit en Afrique, indiquer le Burkina Faso par la main gauche. La diaspora reste toujours engagée.

 Mais en toute honnêteté, c’est l’Etat burkinabé qui doit organiser la diaspora pour profiter de son expérience.  Beaucoup de Burkinabé ont de l’expérience.

Mais comment le pays exploite ces expériences ? C’est ça aussi la problématique. Il faut que nos Etats africains, il faut que le Burkina Faso, se donne les moyens d’exploiter l’expérience de sa diaspora.

Refletinfo.net : Avez-vous des commentaires sur ce qui a milité à ce renouvellement gouvernemental ?

Da Sié de Bindouté :  Je l’ai dit, c’est un gouvernement qui a travaillé deux ans d’affilée sans vacances. Donc, il fallait renouveler, faire un remaniement ministériel pour pouvoir changer les gens, pour pouvoir permettre un mouvement d’ensemble.

Aussi, le président Ibrahim Traoré au tout début, a eu des déboires. Vous savez que dans ce système France-Afrique, le système France-Afrique dans lequel nous vivons, n’était pas facile. Et quand il est arrivé, il a fait un gouvernement, je dirais, à la va-vite.

Et il y a eu des gens qui ont eu le courage de l’accompagner. Donc, après toute cette tempête, il fallait s’asseoir et revoir où partir. Il fallait s’asseoir et redonner de nouvelles orientations.

C’est vrai que certains voient à certaines sorties de l’ancien Premier ministre, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Mais moi, je pense que tout relève de la discrétion du Président du Faso. Dès que le gouvernement a été dissous, je pense que le Président déjà savait, ce qu’il faisait.

On peut spéculer, on peut pronostiquer, on peut dire ce qu’on pense, mais seul le Président du Faso, sait pourquoi il a changé le gouvernement. On ne peut que les encourager.

L’ex-Premier ministre Me Apollinaire Kyelèm de Tambèla a été remplacé par Jean Emmanuel Ouédraogo, avez-vous un commentaire ?

Jean-Emmanuel Ouédraogo a travaillé sous Kyélèm. Ils se connaissent bien, c’est la continuité au niveau de l’exercice de l’État. Maintenant, il faut que le nouveau Premier ministre tire les leçons des erreurs de l’ancien et qu’il puisse les corriger.

Il va falloir aussi que Jean-Emmanuel Ouédraogo soit celui-là qui ne répond pas à ce que les gens disent de lui. Comme : « c’est quelqu’un de modeste, qui a le sens de l’écoute. C’est quelqu’un qui est humble. »

Non ! ce n’est pas de ça qu’on veut d’un homme d’État. Je l’ai dit avec toute mon expérience que j’ai de la politique burkinabè. On a vu le Président Roch Marc Christian Kaboré.

Avant qu’il ne vienne au pouvoir, tout le monde l’acclamait. Quand on parle de Roch Marc Christian Kaboré, on dit que c’est un homme qui est gentil. C’est un homme, en tout cas, qui a le sens de l’écoute.

Mais, on refuse de dire que Roch Marc Christian Kaboré ne sait pas taper du poing sur la table. C’est quelqu’un qui n’a pas le sens de savoir faire des ruptures.

Pour moi, ce sont presque les mêmes personnages que les uns et les autres décrivent quand on regarde Roch Marc Christian Kaboré et Jean-Emmanuel Ouédraogo.

Donc, il va falloir que Jean-Emmanuel Ouédraogo fasse attention pour ne pas qu’on se retrouve avec un autre Roch Marc Christian Kaboré dans ce contexte-là. Parce qu’il faut le dire, quand on regarde les appréciations des uns et des autres, tout arme à montrer que les deux personnalités, l’ancien Président du Faso et le nouveau Premier ministre, ont les mêmes caractéristiques en termes de personnalité. Donc pour moi, c’est ça qu’il faut dépasser.

C’est ça qu’il faut dépasser et parler d’un homme qui est capable de mener le navire de l’État. Il faut aller au-delà des appréciations, pour parler de quelqu’un qui a la responsabilité de d’État.

Il faut qu’on sache dépasser les appréciations pour aller dans le réalisme politique, pour pouvoir voir qu’est-ce que les acteurs doivent faire et qu’est-ce qu’on attend des acteurs.

Il va falloir qu’on dépasse ces appréciations pour pouvoir voir le réalisme politique, le réalisme d’État, pour que Jean-Emmanuel Ouédraogo et son équipe, n’amènent pas la froideur, n’amènent pas surtout ce qu’on appelle, comme on le dit dans le quartier, un gouvernement qui est mou. Parce qu’il y a beaucoup de défis.

Dans l’appareil d’État, il va falloir dépasser l’humanisme, les qualités humaines pour aller dans les qualités d’homme d’État. Car si on a un gouvernement qui est mou, ça va se répercuter sur la sécurité et sur le développement.

Mais je dis qu’il n’y aura pas de répercussions négatives en tant que telles. Ce qu’on souhaite, c’est que les gens soient dans cette continuité.

Il va falloir aussi que le nouveau gouvernement, se dote d’un projet de société. Parce que ce que je vois et sur lequel les gens travaillent, ce n’est pas un projet de société sur lequel il faut compter dans ce contexte.

On parle d’initiative présidentielle. Il faut éviter de rester dans des petites considérations, dans des conceptions qui vont par la suite être vues comme politiciennes. Parce que le Président Ibrahim Traoré a un lourd fardeau.

Et moi, j’ai toujours dit qu’il faut un projet de société bien conçu, que ce soit la paysannerie, que ce soit l’élite bureaucratique, va prendre pour s’approprier et travailler avec comme référentiel. Donc, les initiatives présidentielles, pour moi, ça devait être quelque chose de ponctuel, étant donné que le Président Ibrahim Traoré lui-même avait dit dès le début que tout est urgent. Donc, les initiatives présidentielles peuvent être des mesures urgentes pour résoudre des problèmes.

Mais les initiatives présidentielles ne doivent pas être un projet de société en soi chez le Président Ibrahim Traoré. Il va falloir dépasser cela et commencer à concevoir un projet de société qui va prendre en compte des générations. Parce que le problème de nous, les Africains, c’est ça.

Souvent, on ne réfléchit pas sur 20 ans, 30 ans, 40 ans, 100 ans. Pourtant, c’est le moment. Ce n’est pas en pleine Seconde Guerre mondiale que les grands pays qui savaient qu’ils allaient vaincre le nazisme ont commencé à réfléchir sur les questions de l’ONU et comment le monde sera géré.

Donc, c’est à cette période précise que nous devons aussi commencer à penser notre société pour ne plus avoir de guerres, comment on peut faire, le développement. Donc, pour moi, il va falloir que, en termes de développement, le nouveau gouvernement travaille à se doter d’un projet de société digne de ce nom et sortir de ce qu’on appelle aujourd’hui les initiatives présidentielles. Moi, à mon entendement, du point de vue politique, les initiatives présidentielles doivent être des initiatives ponctuelles.

Pour répondre à cet appel que le Président du Faso lui-même avait dit au tout début, que tout est urgent. Mais on doit, en ce moment, commencer à mettre des projets de société sur 25 ans, 40 ans, 50 ans, 100 ans.

De sorte que, après Ibrahim Traoré, tout le peuple burkinabé s’approprie une vision globale de notre société. C’est ça un projet de société et c’est ça qui fait le développement. Le développement, ce ne sont pas des gratte-ciels, ce ne sont pas des immeubles, ce ne sont pas des routes.

Le développement, c’est un mode de vie. C’est une vision. Et c’est pourquoi Ki Zerbo dit « On ne développe pas, on se développe ». Ça dépend de comment vous avez conçu votre vie et comment vous voulez l’amener.

Refletinfo.net : Qu’est-ce qui suscite votre optimisme ou crainte au sein de ce nouveau gouvernement ?

Da Sié de Bindouté : Le contexte dans lequel le capitaine Ibrahim Traoré est arrivé, je pense qu’il faut féliciter tous ces hommes et toutes ces femmes qui ont accepté de l’accompagner. Ce n’était pas évident.

Voilà comment naît l’optimisme. Cela veut dire qu’il y a des gens toujours prêts à se sacrifier pour une cause nationale. Il y a eu des menaces, il y a eu des tentatives d’assassinats, il y a eu des tentatives de déstabilisation.

Mais ces hommes sont restés. Ils ont tenu. Donc pour moi, ce sont les fondements de l’optimisme.

Mon optimisme aussi, et surtout, c’est l’engagement du peuple burkinabé et son armée. Il y a véritablement du patriotisme dans ce que nous faisons, nous Burkinabé. Je pense qu’il nous manquait un leadership sincère et digne.

Des hommes à même de taper du poing sur la table pour dire qu’ils sont prêts à défendre la dignité et l’indépendance totale de leur pays. Et avec le capitaine Ibrahim Traoré, le peuple burkinabé a compris qu’il est temps d’aller de l’avant.

Comme je l’ai dit, le peuple burkinabé a fait quelque chose qu’on n’a jamais vu en Afrique.Parce que c’est le peuple qui a accepté de financer cette guerre. Et en retour, le gouvernement a travaillé d’arrache-pied, du point de vue diplomatique, pour trouver des voies et moyens pour qu’on puisse s’acheter des armes. Donc le Président a fait preuve de transparence dans la gestion de ces fonds.

Donc pour moi, le Burkina Faso a eu un leader charismatique en la personne du Président Ibrahim Traoré. Et vous savez, dans le principe d’effritement des civilisations, tout commence par la tête. Si on a pu détruire la tête, c’est qu’on a détruit la société.

Donc le leadership compte. Le leadership compte beaucoup dans la stabilité d’une société. Dans l’orientation d’un peuple.

Et aujourd’hui, cette opportunité, ce leadership qu’on a avec le capitaine Ibrahim Traoré, le peuple voit en cela, un espoir pour que ce pays devienne un pays gras, un pays prospère. Et c’est pourquoi on n’a jamais cessé, moi personnellement, de lui apporter ma contribution.

Donc moi, je suis très optimiste parce que je crois au panafricanisme. Tous ces combats que le panafricanisme a menés, il y a eu des prophéties. Et c’est ce que nous vivons aujourd’hui. Donc moi je crois fermement en l’avenir. Et quand vous prenez Joseph Ki-Zerbo, qui avait prédit le rôle des médias, aujourd’hui, nous sommes dans le contexte des médias et surtout des réseaux sociaux.

Donc les panafricanistes savaient que l’Afrique ne va jamais baisser les bras. Ils savaient que les travaux qu’ils sont en train de faire, ça va servir aux générations futures. Et nous sommes les héritiers directs de ces savants africains qui ont mené le combat malgré le contexte du racisme, de l’esclavage, du racisme, de la ségrégation.

Et ils ont développé des idées panafricaines qui nous sont parvenues aujourd’hui. Donc pour moi, l’espoir c’est nous-mêmes. Et ce peuple-là, a montré au Président Ibrahim Traoré, qu’il est debout, qu’il est engagé.

L’un dans l’autre, c’est le leadership, c’est l’engagement du peuple. Et c’est aussi cette détermination globale du Burkina Faso qui fonde cet optimisme. Parce qu’autant que nous sommes, que ce soit vous qui êtes sur place au pays, que nous qui sommes ici au niveau de la diaspora, on ne peut pas dire que les Burkinabé n’aiment pas leur pays ou bien qu’ils ne se sont pas engagés.

Tout ça, ça donne encore de l’optimisme, de l’espoir qu’on n’est pas seul. On est tous unis, on a la même vision. Et cette vision-là, c’est le Burkina.

L’objectif, c’est le Burkina. Le but, c’est le Burkina. Et voilà que vous, en tant que la presse, vous continuez à interviewer, à travailler, afin d’échanger les idées.

Donc pour moi, il n’y a pas lieu d’être pessimiste. Je suis toujours optimiste. Et nous soutenons, en tout cas, ce que notre Président est en train de faire, avec fierté.

Et nous souhaitons que, en tout cas, le nouveau gouvernement puisse relever les défis. Et pour qu’on puisse relever ces défis, il faut que ce nouveau gouvernement travaille de façon collégiale, travaille en équipe, s’écoute, se respecte et tire des leçons du passé pour pouvoir, bâtir un gouvernement et un Burkina nouveau

Refletinfo.net : Bassolma Bazié a été nommé par décret présidentiel, Président de la Commission nationale de la Confédération de l’AES, cette position est-elle plus stratégique que celle du ministre d’État, ministre de la fonction publique qu’il occupait ?

Da Sié de Bindouté : Oui, la nomination de Bassolma Bazié comme président de la Commission Nationale de la Confédération de l’AES, est plus stratégique parce que l’AES est une Confédération.

Elle est aujourd’hui, l’espoir de tout un continent, de tout un peuple. Être à la tête d’une telle Commission, est pour moi, plus important que gérer un ministère. Donc, Bassolma n’a pas démérité. Et ce n’est pas une punition, ce n’est pas une humiliation.

Je pense que le Burkina a joué un rôle stratégique, un rôle fondamental dans la naissance de l’AES. On a vu comment le Capitaine Ibrahim Traoré, Président du Faso, s’était engagé, les déclarations qu’il a faites quand le Niger a connu un coup d’Etat.

Et le Burkina et le Mali ont décidé de soutenir et de défendre le Niger. Grâce à cela, la communauté internationale avec la France en tête, a eu peur d’intervenir. Même les Etats africains, même le Nigeria qui fait directement frontière avec le Niger, a eu peur d’intervenir.

Parce que le Mali et le Burkina ont décidé que celui qui toucherait au Niger c’est une déclaration de guerre. Donc l’AES, c’est quelque chose de très important pour le Président du Faso, pour le Président du Niger et pour le Président du Mali. Ce n’est pas une petite institution.

Amener Bassolma au niveau de l’AES, ce n’est pas un garage, ce n’est pas qu’on s’est débarrassé de lui.

Mais il ne faut pas aussi se leurrer. A mon humble avis, il va manquer quelque chose au gouvernement. Parce qu’en politique, il y a ce qu’on appelle des agitateurs. Pas au sens péjoratif de quelqu’un qui fait du bruit ou bien qui mélange tout.

Un agitateur en politique, c’est l’homme qui est capable d’affronter toutes les difficultés, tous les débats, tous les défis idéologiques, toutes les contradictions, et de savoir faire des liens dans le but de permettre au gouvernement ou à un régime d’avancer.

Et je pense que Bassolma Bazié était un agitateur politique, un agitateur pour le Président Ibrahim Traoré. Maintenant qu’on le met à la Commission de la Confédération de l’AES où il n’y a pas du bruit, il va manquer naturellement au gouvernement, cet homme qui peut mener des débats avec n’importe qui, frontalement.

Refletinfo.net : Mais il y a toujours des gens compétents dans le gouvernement qui peuvent agiter comme vous le dites ?

Da Sié de Bindouté :  Oui, il y en a. Mais pour moi, c’était mieux que le Président Ibrahim Traoré garde Bassolma Bazié dans son gouvernement pour travailler à consolider l’État.

Pourquoi je dis cela ? Si je me réfère à mon expérience en tant que journaliste, Blaise Compaoré dans sa gestion du pays, avait un agitateur politique nommé Salif Diallo.

Et Blaise Compaoré a commencé à avoir des déboires dans la gestion du pays quand il s’est débarrassé de Salif Diallo. Et en son temps, tous les analystes avertis avaient dit qu’il faut trouver un homme à la trame de Salif Diallo pour affronter les problèmes.

Surtout que Blaise Compaoré était déjà versé dans les questions de médiation, de résolutions des conflits dans la sous-région, alors qu’il n’y a pas d’agitateur. Et c’est comme ça que le pouvoir de Blaise Compaoré a commencé à s’effriter.

Donc pour moi, le Président du Faso pouvait l’avoir à ses côtés pour lui permettre d’asseoir véritablement l’État. On a la preuve avec ce procès des trois milliards FCFA, de comment l’administration est apatride. Parce que quand des cadres de l’administration détournent, c’est de l’apatridie.

Lire la première partie de l’interview : Les clés de Da Sié de Bindouté pour une Confédération de l’AES opérationnelle

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