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Burkina: le pinceau de la paix d’Abdoul Karim Traoré

Abdoul Karim Traoré participe au festival « Ma ville en peinture » qui se déroule à Ouagadougou du 11 au 16 octobre 2022. Artiste peintre burkinabè, il est venu de Banfora, une ville située dans la région des Cascades. Son œuvre du jour fait honneur à la diversité culturelle, une richesse qui symbolise la paix au Burkina Faso et dans le monde.

Abdoul Karim Traoré alias Kéké, adore les arts plastiques, son activité principale depuis maintenant seize ans. Non scolarisé, il a appris ce métier à Banfora, sa ville natale.

Son tableau exposé à « Ma ville en peinture », retient l’attention des festivaliers à Karpala, un quartier populaire de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso.

 C’est une œuvre d’art en finition. Sur une toile tenue par un chevalier, est buriné un cercle autour duquel, sortent des mains multicolores frappées d’un cœur au milieu.

Que signifie ce dessin dont des festivaliers qualifient de chef d’œuvre, Abdoul Karim Traoré, l’auteur, l’explique.

« En cette période d’insécurité dans notre pays et avec les multiples crises partout ailleurs dans le monde, j’ai décidé de représenter le globe terrestre entouré par des mains avec des cœurs dans la paume pour symboliser l’amour et l’avenir. Ainsi, les cinq continents doivent tous se donner la main pour un monde unis dans la paix. »

Les multiples couleurs selon l’auteur, représentent les différents peuples du monde entier. Il consacre donc son pinceau à la paix et la sécurité dans le monde. « On doit se donner la main pour une paix durable au Burkina et dans le monde. », insiste-t-il. Son inspiration est venue de l’actualité nationale où le Burkina est quête sincère de la paix et de la sécurité.

Artiste peintre, un métier valorisé par des « étrangers »

Avoir un tableau d’art chez soi, n’est pas encore entré dans les habitudes des Burkinabè. La plupart d’entre eux, ne comprennent pas la valeur des œuvres d’art. « Les Burkinabè ne s’intéressent pas trop aux tableaux. La plupart de mes clients sont des Européens », déclare-t-il.

Certains pensent qu’il y a même du mysticisme derrière. Autant de facteurs qui expliquent selon le peintre de Banfora, la déflation des prix des tableaux dans le pays.

 Ceux qui valorisent plus nos œuvres dira-t-il, sont des Européens. « Avec eux, la vente est satisfaisante. Cela s’explique par le fait que ces derniers attachent du prix à ces œuvres. »

Cependant, la double crise sécuritaire et sanitaire ces dernières années, a impacté le secteur des arts plastiques. Les touristes qui constituaient la grosse part du marché ne viennent plus à cause de l’insécurité et de la maladie à corona virus.

Malgré tout, le métier nourrit son homme. Même si l’art n’a pas de prix, il assure « qu’on peut vendre un tableau à 1 000, 2 000, 25 000 FCFA comme on peut le vendre à des millions. Tout dépend de la qualité du tableau et du message que véhicule l’image. », confie-t-il à reflet info.

Il est d’ailleurs convaincu de l’avenir radieux de son métier avec « Ma ville en peinture » qui permet aux artistes peintres de s’exprimer et de pouvoir faire voyager leurs œuvres à travers le monde.

Pas de panique ! les tableaux ne sont pas hantés

Des Burkinabè de certaines confessions religieuses, ont peur des tableaux qui seraient des idoles, donc hantés. L’artiste rassure qu’il n’y a rien de mystique sur les tableaux qu’il commercialise.

 « Il est vrai qu’il y a un peu de tout dans l’art surtout le coté abstrait (images codées, compliquées à comprendre), mais ce n’est pas pour autant qu’on doit s’en méfier. C’est juste une caricature de nos réalités. », explique M. Traoré.

Il reconnait que certains dessins peuvent susciter la peur, mais aucun esprit maléfique n’y vit. « Des dessins peuvent faire peur, mais ça ne veut pas dire qu’ils sont hantés. Tout dépend de l’inspiration de l’auteur. », dit-il. Quant aux couleurs, elles existent pour expliciter le message que l’on veut véhiculer.

Des difficultés à se vendre à l’international faute de visa

L’artiste Traoré est un peintre professionnel aux mains habiles. Ses œuvres traversent les frontières du Burkina. Il est invité aux évènements culturels à travers l’Afrique.

Des opportunités indique-t-il, s’ouvrent hors du continent africain. Malheureusement, pour faute de visa, il n’arrive pas à quitter l’Afrique pour vendre son talent.

Il lance un appel à l’Etat et aux promoteurs des activités culturelles, de l’aider autant que possible, à obtenir un visa afin de pouvoir s’expérimenter ailleurs. Il souhaite également que les droits des artistes peintres soient respectés afin d’être traités comme des artistes à part entière.

 Pour mémoire, Abdoul Karim Traoré est invité par la promotrice de « Ma ville en peinture »,Adjaratou Ouédraogo pour lui prêter main forte. Cette activité grand public, vise à promouvoir des artistes plasticiens et leurs œuvres en vue de renforcer la paix et la cohésion sociale au Burkina Faso. Le festival est à sa deuxième édition.

A lire aussi: Ma ville en peinture : Ouagadougou sous les pinceaux

N. D. Cynthia Ki, stagiaire

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