CULTURE

Sympo Granit 2024 : au nom de l’Art,  Christian Pierrefixe et Thomas Petit, sont au Burkina

 »L’Art n’a pas de frontière », dit-on. Alors que les relations entre le Burkina et la France s’écorcent et que Paris continue de peindre en rouge  le Burkina sur le plan sécuritaire, Thomas Petit et Christian Pierrefixe, deux sculpteurs français, ne s’en craignent guère. Au nom de la passion pour l’Art, ils sont à Ouagadougou pour participer à la 14e édition du Sympo Granit 2024, qui se tient du 3 au 24 octobre 2024, sur le site de Laongo, situé dans la région du Plateau Central. Refletinfo.net est allé à leur rencontre.

Par Wendpouiré Benny Kiemdé

Mercredi 16 octobre 2024. Site de sculptures sur granite de Laongo. Sur une petite élévation, des granites se dressent sous des arbres.  Des coups de burins et de marteaux s’entremêlent et resonnent partout. Le son est strident.

Ici, les 15 artistes sculpteurs professionnels issus de 9 pays d’Europe, d’Aise et d’Afrique invités, sont chacun, agrippé à sa pierre, outils en mains. Ils façonnent calmement, les grosses pierres blanches, pour en sortir des œuvres. Il est 16h. Au bas de la colline, il y a deux Français : Christian Pierrefixe et Thomas Petit.

A notre aperçu, un homme, membre de l’équipe de supervision vient à notre rencontre. « Nous voulons échanger avec les sculpteurs français », lui-avions dit. « Ah bon ! Pourquoi spécifiquement les français ? J’espère que ce n’est pas une enquête hein ? », nous demande-t-il.

« Oh, non ! Juste savoir pourquoi, ont-ils accepté de participer à cette 14e édition du symposium alors que le pays vit une crise sécuritaire difficile et classé dans la zone rouge selon certains pays occidentaux », lui avions répondu. « Ah, d’accord !», répond-il. Rassuré, il nous conduit auprès de Christian Pierrefixe. C’est un sexagénaire.

Il est moustachu et porte des lunettes et un chapeau. Il taille à la fois sur deux granites disposés l’un face à l’autre, avec deux œuvres qui se communiquent.

Christian Pierrefixe, sculpteur français
Christian Pierrefixe, sculpteur français à Laongo.

Sur la première pierre, il s’agit d’une pièce de chambre où sortent deux mains cherchant à ouvrir les battants de portes. Autour, il y a des rayons qui servent de la présence d’ouverture et lorsqu’on ouvre, on tombe sur la deuxième pièce qui est un arbre de vie dressé sur l’autre granite.

L’arbre de vie, est connecté à la terre et au ciel. Donc, l’ouverture au monde c’est la vie.  Pour lui, ses deux sculptures sont un message « d’ouverture vers le monde, d’ouverture vers les cultures différentes, vers des traditions, vers des racines différentes et il n’y a que l’ouverture vers les autres qui nous permet de sortir de cette cochonnerie, dégénérée par certains politiques ».

« Il faut s’ouvrir au monde pour justement découvrir d’autres choses, il y a d’autres façons de vivre, il y a d’autres façons de penser mais elles ont toutes le droit d’exister », explique Pierrefixe en continuant de buriner.

Braver les craintes sécuritaires pour venir au Burkina

Quand le sculpteur français Christian Pierrefixe, a exprimé son intention de participer à la 14e édition du symposium international  de sculptures sur granites de Laongo, ses proches lui ont déconseillé le Burkina pour des raisons d’insécurité. Mais il s’est entêté pour sa passion pour l’art.

« C’est vrai que quand j’en ai parlé autour de moi, dans ma famille (…) que j’ai envie d’y aller… Certains m’ont dit que ce n’est pas très con ? Je leur ai dit que, je sais et je connais la situation. On entend parler mais comme j’étais déjà venu [au Burkina] en 2018 et comme je connaissais l’endroit,(…) et j’ai gardé des contacts ici à Laongo, et les retours que j’avais, c’étaient plutôt positifs. Depuis, j’écris régulièrement à la famille et du coup, maintenant, on roule, tout va bien. Moi, je n’étais pas inquiet », explique-t-il sa participation au symposium malgré le contexte.

Thomas Petit, lui, est un autre Français. C’est un jeune élancé, mince, portant des boucles d’oreilles. Sous un manteau, il porte un chapeau et travaille sous une bâche bleue.

Basé à Angoulême, il a participé au symposium il y a 6 ans de cela. Il a gardé des contacts avec d’autres sculpteurs.  « je suis content de revenir à la source ici au Burkina », lance-t-il gaiement.

Thomas Petit,14e édition du Sympo Granit 2024
Thomas Petit, sculpteur Français.

Il travaille sur une œuvre dont le nom restait encore à déterminé. « Je n’avais pas peur de venir au Burkina, car j’aime bien aussi voir la réalité des choses », indique-t-il. « C’est bien qu’il y a différents types de lectures selon l’attitude où on se trouve et en tant qu’artiste, c’est moins offensif. Je pense que c’est important de se forger une opinion de par ses propres yeux comme mes adresses m’ont convaincues », poursuit-t-il.

Christian Pierrefixe et Thomas Petit sont fiers de participer au 14e symposium des sculptures sur granite de Laongo dont l’apothéose est prévue le 24 octobre 2024, la veille du Salon international de l’artisant de Ouagadougou (Siao), qui se déroule du 24 octobre au 3 novembre 2024 à Ouagadougou.

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