EDUCATION EN SITUATION D’URGENCE (CENTRE-EST) : les acteurs font le bilan de l’éducation par la radio de l’année 2022-2023
La région du Centre-Est, est affectée par l’insécurité qui sévit dans le pays depuis 2016. Ce qui impacte sur l’éducation. Beaucoup d’écoles ont été fermées et des centaines d’enfants se sont retrouvés hors du système scolaire. Afin de remédier au décrochage scolaire et améliorer les résultats des examens du CEP, BEPC et BAC session 2023, le consortium des ONG « TIN TUA et Enfants du Monde », ont mené des actions d’éducation par les médias qui ont porté des résultats. Les acteurs ont fait bilan de cette éduction par la radio le 2 Août 2023 à Tenkodogo.
La situation sécuritaire au Burkina Faso impacte fortement le système éducatif dans son ensemble. Elle va de mal en pis.
Dans un article publié le 28 juillet 2023, News.un.org, site d’information onusienne, alertait sur la détérioration de la situation sécuritaire qui a causé « la fermeture de 6 334 écoles au 31 mars 2023. La majorité des enfants déplacés ne peuvent pas aller à l’école ».
Pour pallier ce fait, le consortium des Organisations non gouvernementales (ONG) ‘’TIN TUA et Enfants du Monde’’ a développé, courant octobre 2022 à juillet 2023 dans le Centre-Est, une alternative.
Il s’agit de l’éducation en situation d’urgence qui a permis d’amélioration les résultats des examens scolaires session 2023.
Ainsi, 10 118 enfants sur 10 000 ciblés, ont bénéficié de l’Education par la Radio et 830 enseignants sur 800 attendus, ont profité d’une formation sur la résilience et la prise en charge psychosociale.
Des kits scolaires ont été distribués aux élèves. Les filles vulnérables ont reçu des pièces de dignité. Des cours de remédiation ont été assurés au profit des enfants dont la plupart sont dans la vulnérabilité.
L’ensemble de ces actions visent selon Elisabeth Sanfo, responsable de l’axe éducation de l’ONG TIN TUA et représentante du consortium, « l’amélioration de l’accès à l’éducation aux enfants déplacés internes, en leur permettant de se retrouver dans une situation normale d’évaluation et continuer leurs études ».
Education par la radio, des résultats satisfaisants
L’éducation par la radio a produit des résultats satisfaisants, reconnaissent toutes les parties prenantes.
Bourbila Pierre Silga, Directeur Régional de l’Education Préscolaire, Primaire et non Formelle du Centre-Est, apprécie positivement les retombées de l’éducation en situation d’urgence. « Quand, je prends le cas des candidats déplacés internes qui ont pris part au CEP 2023, nous avons atteint un taux de succès de plus de 80%, un taux supérieur au taux régional qui est de l’ordre 78%. »
Sans ambages, il estime que « c’est l’ensemble de ces activités et de mise en œuvre de l’éducation en situation d’urgence qui a permis au Centre-Est, d’atteindre ces résultats. »
Elisabeth Sanfo, représentante du consortium, est aussi toute satisfaite des résultats atteints, malgré les difficultés rencontrées. Cela, dira-t-elle, « a contribué à renforcer l’éducation dans le contexte sécuritaire ».
« Sans l’aide…des ONG, les élèves …n’allaient pas terminer l’année scolaire », témoignages sur les actions menées
Les acteurs directs des actions de l’éducation par la radio, ont fait plusieurs témoignages sur la fiabilité de la méthode, mais aussi, l’accompagnement du consortium des ONG qui a permis de sauver l’éducation de nombreux enfants dans la région du Centre-Est.
Amadou Gassambé, est le directeur provincial de l’enseignement post primaire et secondaire du Koulpelogo. Il revient sur l’accompagnement qu’il qualifie de très capital.
« Sans l’aide des activités du consortium des ONG, les élèves du post primaire et secondaire n’allaient pas terminer l’année scolaire ».
Pour « ce qui est des résultats du BAC, la province est classée première au niveau de la région », précise-t-il.
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Aliatou Segda, est mentor de Ouargaye. Elle a assuré l’éducation par la radio dans sa localité. L’activité consistait à recenser 4 à 6 enfants dans 26 ménages puis leur assurer une éducation par la radio durant 8 passages pour chacun.
Contente de ses prouesses au-delà des difficultés rencontrées au début, elle raconte : « Nous avons formé les enfants à l’utilisation de la radio. Ensuite, nous les avons sensibilisés à bien les manipuler et nous les avons éduqués à travers ces séances. Ils ont bien participé à la sensibilisation. Je suis satisfaite ».
Aristide Oubda, est le Chef de circonscription d’éducation de base de Sangha. Bénéficiaire d’une formation des enseignants pour la résilience, il exprime aussi sa satisfaction.
« Pour une circonscription d’éducation de base (CEB) comme Sangha qui n’était pas sûre de pouvoir organiser l’examen du CEP et a atteint un taux [de succès] de près de 80%. C’est très appréciable ».
Il ajoute que dans sa circonscription, après les différentes attaques terroristes, « les élèves du CM2 étaient dispersés. Il fallait les rassembler et les délocaliser dans un autre centre d’examen. Et en une semaine, on a pu rassembler près de 600 élèves.
TIN TUA a favorisé leur déplacement, aller comme retour au centre d’examen et leur a permis de composer pour qu’au finish, on ait un taux de réussite de près de 80% », témoigne-t-il.
Tous, souhaitent par ailleurs, que d’autres partenaires techniques et financiers puissent accompagnent le secteur de l’education dans la région.
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