SIAO 2024 : des pots de fleurs incassables à base de déchets plastiques
Le Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO) est le lieu de toutes les innovations. Chaque produit exposé présente une caractéristique particulière. A l’intérieur des pavillons, tout comme le long des murs à l’extérieur, le message reste le même : vendre le maximum avant la clôture du SIAO. En face de l’infirmerie, un homme est plongé dans son art. Vendre ne semble pas être sa préoccupation première. Assis sur un carton, Amperral Ahouangonou est en train de peindre des pots de fleurs fabriqués à base du plastique. Il est artiste plasticien africain dit-il, vivant au Burkina Faso. Ses pots ont la réputation d’être incassables puisque faits à base de déchets plastiques.
Par Jone Cissé
Le soleil était en train de disparaitre et la nuit s’installait peu à peu sur le site du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou. Les vendeurs ambulants par ci, les restaurateurs par là.
Chacun, s’activait pour trouver ses derniers clients avant la tombée de la nuit. Pouvoir se promener avec ses produits, est un luxe que ne peut se permettre les grands exposants. Ces derniers, se contentent des visiteurs qui tombent sous le charme de leurs produits ou ceux qu’ils invitent eux-mêmes à visiter leurs stands.
Le long du mur du Centre des arts et métiers, un artiste assis en face de l’infirmerie est plongé dans son art. De la créativité pourtant ignorée par les visiteurs. Assis seul sur un carton abandonné sûrement par d’autres exposants, Amperral Ahouangonou au milieu des sachets et autres objets usés, ne lève la tête que pour répondre aux salutations de quelques connaissances qu’il s’est fait au cours de ses jours d’exposition au SIAO.
Le silence est d’or dans son espace aménagé pour l’occasion. Il peint les pots déjà fabriqués depuis son atelier dans les environs de Ouaga 2000, pour leur donner une couleur semblable aux objets des potiers de Tcheriba.
L’objectif qu’il s’est assigné en cette 5e journée du SIAO ,c’est de finir une douzaine de pots avant que le soleil ne le plonge dans son léthargie quotidien. Pour se faire, l’artiste est concentré pendant des heures. Il ne se déplace que pour exposer un pot au soleil afin de le sécher.
Bouteille d’eau à côté et concentré à donner de la couleur à ses pots, il oublie parfois qu’il doit vendre ses objets dont l’importance à ses yeux n’est plus à démontrer. Il n’a pas le temps pour inviter les visiteurs à admirer ou acheter ses pots.
Seuls quelques observateurs avertis ou curieux, s’approchent soit pour discuter ou pour contempler. Mais il se ne soucie guère, pour peu qu’il puisse libérer son inspiration.
Des pots de fleurs incassables
Les pots fabriqués par cet artiste ont des formes bien soignées qui n’ont rien à envier aux pots de fabrication industrielle. Ces pots sont faits à base de déchets plastiques, ce qui les rend incassables. Ils sont donc durables par rapport aux pots en verre qui, une fois tombées, ne sont récupérables que par marceau nous confie l’artiste.
La fabrication de ses objets est également respectueuse de l’environnement au regard de la matière première. Les déchets plastiques qui sont combattues partout dans ce monde, constituent le matériau de base. « Tout ceux qui achète mes pots protègent d’une manière ou d’une autre, l’environnement »
Prix des pots
Les pots présentés sont le fruit de l’art. Ils ne sont pas fabriqués en série comme les pots industrielle. Les formes sont différentes les unes des autres, parce que l’artiste en question, n’a pas la même inspiration au moment de la conception de chaque pot.
« C’est de l’art, donc c’est difficile de prédire la forme. Souvent je me demande comment je suis arrivé à une telle forme. Certaines formes, si on me demande de les reproduire, ça sera un peu compliqué. »
Amperral se dit être un artiste et non un artisan. Il se soucie moins de la commercialisation. Sa préoccupation première, reste l’expression de son art. Mais, il doit aussi vivre de son art, a-t-il laissé entendre tout souriant.
Le plus grand pot ne peut pas se vendre à moins de 50 000f, a-t-il renchéri. Il demande ainsi de ne pas voir le prix mais plutôt les efforts cachés derrière, puisqu’il faut des jours pour donner forme à un seul pot.
5 jours au SIAO sans rien vendre
Ça fait 5 jours (mercredi 30 octobre) que je suis là, mais je n’ai pas encore vendu un seul pot. Les gens ne s’y intéressent pas parce qu’ils ne connaissent pas la matière, a déploré l’artiste.
Les artistes ont toujours tiré le diable par la queue lors des grandes rencontres. Ce sont des étrangers qui s’intéressent aux objets que nos compatriotes trouvent chers.
Il se rappelle que deux ans passés, il était venu au SIAO prendre un stand et ne vendre qu’un tableau de 12 000f. C’est un souvenir amer dont il ne peut s’empêcher de se remémorer étant donné que tout laisse à croire que le même scénario pourrait se reproduire cette année.
Son projet à long terme, est de pouvoir initier des formations pour permettre aux jeunes d’avoir les compétences qui leur permettront de transformer les déchets en quelque chose d’utile et de durable.
« On veut vraiment former mais les moyens font défaut. Pourtant c’est un projet vraiment écologique »
Le SIAO lancée le 25 octobre 2024 par le Président du Faso, se poursuit jusqu’au 3 novembre. Cette 17e édition est marquée par son affluence. Ce qui rappelle l’engouement suscité par cette rencontre de l’artisanat africain au sein de la population Burkinabè.