Tenkodogo (Centre-Est) : l’insécurité impacte le commerce des œufs de pintade de Zenabo Guiatin
Zenabo Guiatin est une commerçante au grand marché de Tenkodogo. Elle commercialise plusieurs produits dont entre autres, du citron, des œufs de pintade et des produits de la pharmacopée traditionnelle. La vente des œufs de pintade est son activité principale. Malheureusement, elle voit ce commerce perturbé par l’insécurité qui sévit dans la région, particulièrement dans les zones d’approvisionnement.
Zenabo Guiatin est mère de 9 enfants. Malheureusement, deux sont décédés. Elle s’investit dans le commerce des œufs de pintades depuis 20 ans.
L’activité qu’elle a entamée en 2003, a connu beaucoup d’évolution. « J’ai vendu ici trois œufs à 25 FCFA puis deux œufs à 25F, trois à 50F, cinq à 100F, jusqu’aujourd’hui où je vends six œufs à 500F ».
La cherté des œufs liée à situation sécuritaire
Cette cherté des œufs est liée à situation sécuritaire. Dame Zénabo s’approvisionne en œufs dans les localités de Comin-Yanga et de Lalgaye, communes situées dans la province du Koulpelogo, région du Centre-Est.
Ces zones sont touchées par l’insécurité due au terrorisme. Leur accès est devenu difficile. « Cette année, le prix des œufs est cher. Il y a une nette augmentation parce que les œufs sont devenus rares. Les éleveurs ont fui leur localité », indique Zenabo Guiatin.
Elle ajoute qu’elle pouvait auparavant acheter « les œufs entre 250 000F à 300 000F. Mais actuellement, je ne peux plus en avoir autant. Il n’y a plus d’œufs à acheter dans les villages ».
Il y a un an explique-t-elle, elle achetait huit œufs à 500F avec son livreur pour revendre sept au même prix. Mais depuis mai 2023, avec l’insécurité qui a atteint certains villages, tout a changé : « Nous prenons sept œufs à 500F pour revendre six à 500F soit un bénéfice de 100F pour un lot ».
Ses propos sont confortés par Karim Bouri Gnana, un éleveur de Tensobtenga, un village de la commune de Lalgaye, joint au téléphone par refletinfo.net. Il confirme la rareté et la cherté des œufs de pintades liée à l’insécurité.
A l’en croire, l’insécurité a entraîné la fuite de plusieurs éleveurs. « Dernièrement, j’ai vu des commerçants de Tenkodogo acheter huit œufs à 500F ». Ces derniers revendent aux détaillants, sept œufs à 500F ; qui à leur tour, vendent six à 500F aux consommateurs.
Rentabilité
Foi de la vendeuse, le commerce des œufs de pintade est rentable. « En cas de forte clientèle, je peux vendre entre 25 000F à 50 000F » par jour.
Devant elle, est déposée une bassine d’œufs qui lui couterait 53 500F. Elle estime le bénéfice à 6 000F environ. Le temps d’écoulement est de trois jours maximums.
Dans le mois, elle peut écouler dix bassines pour un bénéfice d’environ 60 000F. Toute chose qui lui permet avec les autres activités, de participer aux charges de la famille.
Des œufs de pintade toujours prisés
Les œufs de pintade sont toujours prisés sur le marché, malgré la concurrence imposée par les œufs des poules pondeuses. Ces œufs locaux aux multiples usages, intéressent les populations de Tenkodogo. L’utilisation courante, est la consommation après la reproduction. Pour l’éleveur Gnana Bouri, les œufs de pintades sont aussi utilisés pour des sacrifices, le « wack (mysticité) » particulièrement.
Des personnes consommeraient particulièrement des œufs de pintades qu’elles trouvent naturels par rapport aux œufs de poules de race.
Une gérante de Kiosque qui a requis l’anonymat confie qu’elle vend les œufs de poules pondeuses et ceux de pintade. Les prix ne sont pas les mêmes. Certaines personnes dit-elle, préfèrent les omelettes des œufs de pintade que celles des pondeuses.
La marchande Zenabo a témoigné que plusieurs personnes dont des vieux, des vieilles, des jeunes, viennent acheter régulièrement des œufs de pintade dont l’usage ne serait pas seulement alimentaire.
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