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Une vision panafricaine de l’enseignement en ligne sur les migrations

Pas moins de quinze universités de toute l’Afrique se sont réunies au Malawi pour présenter le potentiel des cours en ligne sur les migrations et leurs applications pratiques pour répondre à la massification de l’enseignement supérieur sur le continent. Une initiative d’une ampleur sans précédent.

L’Institut Erich-Brost pour le journalisme international (EBI) de l’Université de Dortmund en Allemagne a organisé cet été une grande conférence sur l’apprentissage en ligne au Malawi, axée sur la couverture médiatique des migrations en Afrique. L’université de Dortmund dirige actuellement un projet de trois ans financé par l’Union européenne appelé « CoMMPASS », qui vise à développer une plateforme d’apprentissage en ligne dans les universités africaines, à l’attention des futurs journalistes et des journalistes en exercice.

Susanne Fengler, professeur de journalisme international à l’université de Dortmund et directrice de l’institut Erich-Brost, et Michel Leroy, directeur du projet Erasmus+ CoMMPASS, ont pu réunir des collègues de tout le continent à MUBAS, l’université hôte basée à Blantyre, la plus grande ville du Malawi. Les délégués venaient de pays aussi divers que le Burkina Faso, le Cameroun, la République démocratique du Congo, l’Éthiopie, le Ghana, le Kenya, le Malawi, le Nigeria, le Sénégal, l’Afrique du Sud, la Tanzanie et l’Ouganda, pour n’en citer que quelques-uns.

Plus de 70 chercheurs et étudiants en journalisme des pays africains anglophones et francophones ont participé à la conférence de trois jours, aux côtés de représentants des pays lusophones et de pays ayant le kiswahili en partage. Un rassemblement aussi diversifié est encore rare sur le continent africain. Le cours en ligne CoMMPASS, actuellement en phase de test en anglais en Ouganda, au Burkina Faso et au Malawi, sera plus largement disponible l’année prochaine dans ces quatre langues.

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Une vue partielle des participants à la grande conférence sur l’apprentissage en ligne au Malawi, axée sur la couverture médiatique des migrations en Afrique.

Au Burkina Faso, le projet est porté par l’Université Joseph Ki-Zerbo et l’Université Thomas Sankara sous la coordination scientifique de Dr Lassané Yaméogo, Maître de Recherche au CNRST et enseignant à l’université Joseph Ki-Zerbo, de Pr Achielle Diendéré, directeur de l’Institut universitaire de formation initiale et continue (IUFIC). Dr Yaméogo et Pr Diendéré, co-investigateurs principaux de CoMMPASS au Burkina Faso, ont participé, à Blantyre, à l’atelier de même que Dr Issa Boro et Dr Aminata Ouédraogo, coordonnateurs locaux du projet dans les deux universités.

Les statistiques sont éloquentes : aujourd’hui, 1,4 milliard de personnes vivent sur le continent africain. Selon les projections des Nations Unies, ce nombre aura presque doublé d’ici 2050. Cette croissance démographique pose d’énormes défis aux systèmes éducatifs africains. D’ici 2030, le nombre d’enfants et de jeunes de moins de 18 ans devrait augmenter de 170 millions.

Pour les nations africaines, cette poussée signifie que des millions de nouvelles places doivent être trouvées dans les écoles et les universités dans un délai très court. L’éducation est essentielle au redressement du continent, qui reste à la traîne des autres régions sur le plan économique et qui a été particulièrement touché par l’inflation mondiale. Un chiffre illustre l’ampleur du problème : en Côte d’Ivoire, environ 100 000 étudiants passent leur baccalauréat chaque année – un nombre presque égal à la capacité d’accueil de toutes les universités du pays réunies, qu’elles soient publiques ou privées.

Cependant, selon des études menées par l’Institut de Berlin pour la population et le développement, les ressources consacrées à l’enseignement scolaire et universitaire en Afrique stagnent au mieux et diminuent même dans certains pays.

Comme l’a fait remarquer le professeur Susanne Fengler dans son discours d’ouverture, « investir dans l’éducation des jeunes journalistes est d’une importance capitale pour les pays africains. Compte tenu notamment de la croissance démographique rapide, les États africains, souvent politiquement fragiles, sont mis à l’épreuve. Les emplois et les soins de santé se font de plus en plus rares. Pendant ce temps, la liberté de la presse est restreinte dans de nombreux pays africains. Aujourd’hui, plus que jamais, les nations africaines ont besoin d’un débat public critique sur la façon de relever ces défis. Cela ne sera possible que s’il y a suffisamment de journalistes formés professionnellement et de salles de rédaction indépendantes. C’est là que nous souhaitons apporter notre contribution. »

Un autre orateur principal, le professeur Sisanda Bukeka Nkoala, de l’Université du Cap occidental, a prononcé un discours remarqué intitulé « Embrasser l’innovation dans les établissements d’enseignement supérieur en Afrique subsaharienne : défis et catalyseurs ». Le Prof. Dr. Nkoala est également secrétaire générale de l’African Journalism Education Network (AJEN), un réseau qui s’intéresse de près à la question de l’appropriation de ces nouveaux outils pédagogiques.

Grâce au soutien de la Fondation Friedrich Ebert (FES), le Dr Girmachew Adugna a également apporté un éclairage sur les tendances migratoires et les processus et initiatives visant à régulariser et sécuriser les migrations sur le continent. Le Dr Adugna appartient au Centre d’études sur les déplacements forcés et les migrations de l’Université d’Addis-Abeba, en Éthiopie.

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Photo de famille des participants, parmi lesquels, des enseignants chercheurs burkinabè.

Outre le professeur Fengler et le docteur Leroy, l’Institut Erich-Brost était représenté par le docteur Merle van Berkum, qui dirige une étude comparative sur les reportages sur les migrations dans les pays d’origine et de destination, et par Johanna Mack, directrice éditoriale de l’Observatoire européen du journalisme basé à l’université de Dortmund. L’équipe de Dortmund a présenté aux participants à la conférence une introduction approfondie aux structures du portail d’apprentissage en ligne CoMMPASS, qui est actuellement en phase de test et dont la mise en service est prévue pour 2025.

La conférence a également donné lieu à des discussions intenses sur la variété des conditions d’apprentissage en ligne dans les pays africains. Alors que des nations comme le Kenya et le Nigéria sont des pionniers du numérique et intègrent déjà des formats d’enseignement numériques, les éducateurs et les étudiants d’autres pays africains sont confrontés à des défis tels que les coûts élevés d’internet, les coupures de courant fréquentes et le manque d’espace adéquat pour étudier en ligne dans des conditions de vie exiguës. Les formateurs en journalisme africains ont échangé leurs expériences et exploré des solutions potentielles à ces différents problèmes.

Site Internet du projet : https://commpass.org, www.facebook.com/CoMMPASS.org

Contact pour plus d’informations :
Dr Merle van Berkum, merle.vanberkum@tu-dortmund.de
Johanna Mack, johanna.mack@tu-dortmund.de

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