Résilience: le combat pour la dignité des maraîchères de Fada N’Gourma
Fada N’Gourma, chef-lieu de la région de l’Est, des femmes se battent quotidiennement dans des activités génératrices de revenus, afin de maintenir leurs familles dans la dignité. Nous en avons rencontré quelques-unes sur leur lieu de travail.
Par Yentéma Daalibiga,correspondant dans le Gourma
6h30 au barrage numéro 3 de Fada N’Gourma. Honorine Gnoula, une dame âgée de 21 ans, est déjà au milieu de ses planches.
Elle partage son quotidien sur ce site agricole de sa mère. Dans cet espace de quelques dizaines de mètres carrés, elle arrose ses plants. Il s’agit des concombres, d’oignons, de choux, de salade et de gombo.
La jeune femme explique que les difficultés de la vie en ce moment commande que chacun et chacune trouve une occupation utile. »Si tu es assise, ça n’ira pas. Il faut faire une activité pour avoir à manger, » souligne-t-elle.
A quelque jet de pierre d’elle, se trouve Mapoa Tankoano, 50 ans. Elle arrache les mauvaises herbes qui envahissent ses choux.
Elle pratique le jardinage depuis 11 ans. Grâce à cette activité, elle a pu honorer la scolarité de ses enfants et construire une maison.
Le manque d’eau qui entrave la pratique du jardinage
Toutes les jardinières du bas-fond évoquent les mêmes difficultés qui entravent leurs activités. La principale, est le manque d’eau.
«L’eau ne suffit pas pour irriguer toutes les parcelles. Cette insuffisance compromet la qualité de nos productions.», lance une autre maraîchère.
“Nos tomates, souffrent de la pénurie d’eau. Ça joue énormément sur nos rendements”, s’attriste la vieille Mapoa Tankoano.
Elle plaide en faveur de la construction de châteaux. Ces infrastructures sont plus fiables que les puits, dit-elle.
Mme Gnoula, elle, souligne le besoin de semences, d’arrosoirs et d’engrais pour améliorer leurs récoltes.
Manli Bandida, une femme de la ville, partage la préoccupation générale, expliquant que la situation est devenue critique.
Même la vente de feuilles, une source de revenus précédente, est maintenant compromise.
De son côté, une cliente des maraîchères, Noumpoa Thiombiano, la commerçante de légumes rencontrée au jardin, soutient que le commerce qui les aidait à faire face aux dépenses est en déclin. Les condiments prennent du temps avant d’être vendus en plus de la production qui est irrégulière.
Lecture diversifiée sur le 8 mars
A la veille de la célébration de la journée dédiée à la femme, les jardinières préoccupées dans leurs activités, lisent différemment cette journée.
Pour les unes, il faut survivre pour donner sens à cette activité; pour les autres, le 8 mars est une possibilité de réflexion vers l’autonomisation de la femme.
“Nous ici, nous menons un combat pour la dignité de nos familles. Sinon, les activités ne prospèrent plus. Nous n’avons pas la tête à cette fête de la femme.
Nous n’avons rien prévu pour le 8 mars. Nous prions Dieu que ce jour nous trouve en bonne santé.”, confie Gnoula Honorine, mère de deux enfants.
Pour une autre qui a requis l’anonymat, la fête du 8 mars, revêt une signification particulière.
Cette célébration de la journée internationale de la femme, est pour elle, plus qu’une célébration.
C’est l’exercice d’une activité qui permet aux femmes de s’habiller fièrement sans dépendre de leurs époux. Elle encourage les filles à agir plutôt qu’à tendre la main à leurs époux.
Ces femmes de Fada N’Gourma luttent avec détermination, non seulement pour cultiver la terre mais aussi pour cultiver leurs rêves dans des conditions difficiles. Elles ont besoins de soutien pour surmonter les obstacles qui brident leurs efforts acharnés.
