Attaque de Barsalogho : Le Premier ministre pointe du doigt le non-respect des instructions pour protéger les populations
Le Premier ministre, Dr Apollinaire Joachimson Kyélem de Tambèla, a présidé, ce mercredi 11 septembre 2024, la traditionnelle cérémonie de montée des couleurs à la Primature. Abordant l’attaque de Barsalogho, il a questionné le non-respect des instructions du chef de l’Etat, capitaine Ibrahim Traoré, pour la protection des populations, dans le cas de mobilisation collective. Il a également invité le peuple à beaucoup de discernement dans le comportement et dans le jugement, afin d’avoir la bonne compréhension de chaque situation. L’intégralité de son discours.
La leçon que nous pouvons retenir de ce mois de septembre est la suivante : Celui qui ne se souvient pas du passé, sera condamné à le revivre. D’où l’importance de connaître l’histoire. Aussi bien sa propre histoire, que celle des autres, pour ne pas avoir à chercher inutilement à réinventer la roue dans la douleur.
Il y a de cela cinquante et un an, jour pour jour, le 11 septembre 1973, quelque part dans le monde, un homme d’Etat était assassiné. Elu président de la République, il avait procédé à la nationalisation des banques et des mines du pays. Puis il entreprit une politique de réforme sociale. Il s’en prenait ainsi directement aux intérêts américains, notamment aux intérêts de la compagnie ITT – International Téléphoné and Telegraph, créée en 1920, et qui, depuis lors, avait diversifié son champ d’activité, touchant presque tous les domaines économiques. Cet homme s’appelait Salvador Allende, président du Chili.
Le 4 décembre 1972, à la tribune de l’Assemblée Générale des Nations Unies, Salvador Allende déclarait solennellement : « J’accuse ITT devant la conscience du monde de vouloir provoquer une guerre civile dans ma patrie. » Moins d’un an après cette déclaration, il était assassiné.
Allende avait été élu le 4 septembre 1970 par une coalition d’Unité populaire, c’est-à-dire par le petit peuple des travailleurs et des laissés-pour-compte du Chili. Dès son élection, la CIA avait prévenu qu’elle préparerait une intervention militaire pour le destituer. Pour le renverser, les Américains ne cherchèrent pas loin. Ils passèrent par une partie de son propre électorat qu’ils rallièrent à la bourgeoisie chilienne. Ils utilisèrent les syndicats pour diviser la coalition au pouvoir, notamment le syndicat des camionneurs, qu’ils financèrent pour organiser des grèves interminables, avec notamment le blocus des voies de circulation. Cela contribua à pourrir la situation et favorisa l’avènement de la contre-révolution avec le putsch sanglant du général Augusto Pinochet.
Les travailleurs honnêtes étaient loin d’imaginer que leurs syndicats avaient été soudoyés par les Américains pour détruire la société chilienne. Ils ont ainsi été les acteurs de leur propre malheur, car le régime du général Augusto Pinochet qui prit le pouvoir à la suite de l’assassinat d’Allende fut sans pitié pour les Chiliens, particulièrement pour le petit peuple en lutte. Un bilan non exhaustif fait état de plus de trois mille morts et disparus, trente-huit mille torturés, des centaines de milliers d’exilés, trois cent mille licenciements dès les douze premiers mois.
Les Gouvernements occidentaux qui prétendent défendre les droits de l’Homme ne virent aucune violation de ces droits au Chili. Bien au contraire, Pinochet était félicité et encouragé. Il a même été ennobli par le Gouvernement britannique. Dans les pays dits du Tiers-Monde, dès qu’un seul cheveu d’un valet local de l’impérialisme est touché, l’Occident avec toute son armada vous tombe dessus. En revanche, un dirigeant qui lèche bien les bottes des Occidentaux peut tuer et massacrer comme il veut, avec même les encouragements de l’Occident. L’exemple du Chili en témoigne, de même que le cas des pays africains.
La leçon de cette histoire est que les capitalistes impérialistes sont très rusés, et savent user de tout pour parvenir à leurs fins. Il y a aussi que les gens ne sont pas toujours ce qu’ils prétendent être. Qui eut cru que des syndicats, censés lutter pour le mieux-être des travailleurs et de leur pays s’acoquineraient avec des capitalistes impérialistes américains pour détruire leur propre pays. On retiendra aussi que l’appât du gain et des ambitions débridées peuvent transformer l’homme en loup pour ses semblables.
Il nous faut donc beaucoup de discernement dans le comportement et dans le jugement, pour ne pas nous laisser embarquer dans des aventures sans issues, par des gens sans foi ni loi qui portent des vêtements d’emprunt pour mieux tromper leurs victimes.
Nous sommes tous témoins du drame qui a eu lieu à Barsalogho le 24 août 2024. Cela n’a pu être possible que
parce que nous avons été dupés. Le chef d’Etat a donné les instructions nécessaires pour la protection des populations dans les cas de mobilisation collective comme c’était le cas. Pourquoi les consignes n’ont-elles pas été respectées ?
Regardons chaque fois autour de nous avec discernement en nous posant les bonnes questions. Sommes-nous certains d’avoir la bonne compréhension de chaque situation ? Sommes-nous certains de n’être pas des victimes de manipulateurs pour lesquels nous ne sommes que des moyens pour atteindre leurs objectifs ?
Prenons le soin de méditer sur les évènements du 11 septembre 1973 au Chili. Prenons conscience des réalités du moment pour ne pas être surpris par l’histoire.
DCRP/Primature
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