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Burkina : des scientifiques réfléchissent sur l’orthographe des langues peu dotées à l’ère du numérique  

Pour la valorisation et la promotion des langues nationales, des scientifiques linguistes de plus d’une dizaine d’universités d’Afrique, réfléchissent sur l’orthographe des langues peu dotées à l’ère du numérique à Ouagadougou.

Par Wendpouire Benny Kiemdé

Le numérique sous le couvert des réseaux sociaux et les technologies de l’information et de la communication (TIC) influe sur l’orthographe et partant les langues.

Face à cela, des enseignants-chercheurs, issus de plus d’une dizaine d’universités d’Afrique, du 02 au 04 octobre 2024, réunis à l’institut national des sciences et société (INSS) à Ouagadougou et par vidéo conférence, mènent une réflexion sur l’orthographe des langues peu dotées à l’ère du numérique.

Abdoulaye Ouédraogo participe à ce colloque à titre privé et par curiosité dit-il. Il est agent du ministère de l’éducation de base de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales.

« Appartenant à un ministère qui fait aujourd’hui la promotion des langues nationales et pour ma propre gouverne, m’informer et m’imprégner sur l’avancée des recherches sur nos langues nationales est important pour moi », justifie-t-il sa présence.

Pour Dr Aminata Sessouma, sociolinguiste, « C’est une joie d’apprendre auprès de nos éminents professeurs.  Cela permet d’enrichir le peu que nous avons. C’est un cadre d’échanges et d’apprentissage pour moi », dit-elle satisfaite.

Depuis les années 30, la problématique de l’harmonisation de nos langues nationales a toujours été posée. En effet, les rencontres de Bamako en 1968, de Cotonu en 1975, de Niamey en 1978 et de la dernière rencontre de l’union africaine en 2010, constituent les grandes références.

A cet atelier, Issa Diallo, président du comité d’organisation, brandit l’expérience du fulfudé en développant le thème: « l’alphabet, l’autre outil d’harmonisation du fulfudé ».

Pour lui, « Le fulfudé a une expérience par rapport à d’autres langues », estime-t-il tout en souhaitant « Que les autres puissent s’en inspirer afin d’éviter les erreurs du passé ».

Le Burkina Faso s’est lancé dans la promotion et la valorisation des langues nationales. La question de la langue nationale officielle intéresse les linguistes.  Ainsi, la connaissance d’une langue exige la maitrise de son orthographe qui est très importante.

Mais, il se trouve que l’orthographe diffère d’une langue à une autre. Fort de cela, la Pr Mamadou Lamine Sanogo, responsable du Laboratoire Langues, Éducation, Arts, Communication, et du comité scientifique avec son équipe, travaillent à proposer quelque chose qui soit acceptable.

« Nous réfléchissons à notre apport sur cette politique linguistique et dont la conséquence est la proposition de langue nationale officielle. Nous nous sommes dit que pour qu’une langue soit officielle, il faut l’équiper c’est-à-dire, la doter de ressources nécessaires pour qu’elle puisse fonctionner dans les règles de l’art » indique-t-il.

Le colloque est initié afin de « doter nos langues nationales de système d’écriture orthographique normée consensuelle au préalable », poursuit-il.

« En matière de langues, beaucoup d’éléments sont à prendre en compte et en orthographe, il n’y a pas de logique. L’orthographe, c’est un objet d’entente entre les trois acteurs : les scientifiques, les politiques et les communautés », avertit-il.

« On doit se mettre ensemble pour que nos langues puissent avoir un système orthographique qui fonctionne. Donc, ici, il ne s’agit pas de venir imposer de point de vue scientifique aux communautés et aux politiques, mais que nous puissions partager notre vision, notre connaissance sur la question » conclut-il.

Tous partagent les mêmes attentes. « C’est de voir que les différentes discussions menées puissent faire l’objet de recommandations qui pourront être transmises à l’endroit de l’autorité et de voir une suite qui sera donnée aux différentes conclusions », souhaite Dr Célestin Zoumbara enseignant chercheur de l’université Norbert Zongo de Koudougou, visiblement satisfait.

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