GARANGO :Transformation d’arachides en parures, les mains habiles de Kadidiatou Moné
Les femmes s’investissent dans l’entrepreneuriat artisanal. A Garango, commune située dans la province du Boulgou, région du Centre-Est, Kadidiatou Moné, surnommée « Maman Rasta » avec ses mains habiles, transforme des arachides en parures. Refletinfo.net est allé à sa découverte le 7 septembre 2023.
Nous sommes au cœur de la ville de Garango. C’est au croisement du dernier carré, à quelques mètres du premier feu tricolore situé juste avant le rond-point central en quittant Tenkodogo.
L’odeur du pain local très chaud mélangée à celle du maïs frais grillé, embaume l’atmosphère.
Sous un petit hangar, des jolis colliers multicolorés faits à base d’arachides et des écharpes aux couleurs du « mouvement rastafari » et nationales, bien accrochées, nous attirent.
D’autres objets de décoration faits à base de calebasses sont exposés sur une grande table. Ici, une grande partie de la culture bissa est exprimée.
Nous sommes chez Kadidiatou Moné affectueusement appelée « Maman Rasta ». Elle est spécialiste des parures faites à base d’arachides.
Grande de taille, elle est vêtue d’un ensemble complet. Elle est parée de jolis colliers au cou et de bracelets artisanaux dans ses bras.
Assise sur une chaise en plastique, aiguille en main, elle fabrique un collier en enfilant des arachides. Elle suspend à notre arrivée, pour nous accueillir avec un sourire aux lèvres.
A côté d’elle, se trouve une petite bassine contenant des arachides trempées dans une épaisse peinture brillante déposée sous le soleil. La transformation dure au moins une semaine, nous a-t-elle dit.
Arachides, symbole du Bissa
« Maman Rasta » de son retour de Côte D’Ivoire, voit en la transformation de l’arachide, une activité en laquelle elle réussira.
Elle est convaincue d’une chose. »Un bissa, c’est sur l’arachide qu’il peut fonder une richesse. »
Car « la première richesse de nos grands-parents, ce sont les arachides. Nous avons hérité cela d’eux. », explique-t-elle.
Mère de plusieurs enfants, elle a commencé son activité artisanale sous le pouvoir de Blaise Compaoré.
Les moments propices d’écoulement de ses produits sont les fêtes du 8 mars et du 11 décembre, où elle arrive à mieux exposer ses oeuvres artisanales.
Elle n’a jamais participé au Salon International de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO) et ne dispose pas d’agréments.
« C’est un travail manuel et je ne prends pas de crédits pour financer mon business. Or sans cela, je ne peux pas participer au SIAO avec beaucoup d’œuvres de qualité », déplore-t-elle.
Comment procède-t-elle pour fabriquer ses parures? Mme Moné garde le secret. « L’art n’a pas de prix. Donc, je ne peux pas dire à quelqu’un », justifie-t-elle.
Elle n’a pas été inscrite à l’école classique. C’est de retour d’une aventure en Côte D’Ivoire où elle a été expulsée pour raison de carte de séjour qu’elle a entrepris cette activité.
« C’est le chômage et la galère qui ont précipité mon engagement dans ce métier pour chercher mon pain quotidien », explique -t-elle.
Un marché morose
« Le marché est nase, c’est ça qui nous fait mal. « , s’attriste Kadidiatou Moné. L’insécurité en est la cause.
Les gens n’arrivent plus à se mouvoir dans tout le pays comme avant. Cela joue sur toutes les activités, argumente-elle.
Le collier chez » Maman Rasta », coûte 500F CFA. Ses commandes venaient de la Cote d’ivoire, du Ghana, de l’Italie, de la France, etc.
Les clients sont d’origines diverses. « On ne sait pas d’où ils viennent exactement mais ça vient seulement », dit-elle en souriant.
Mais l’insécurité a rendu son marché morose car « Actuellement, il n’y a pas assez de commandes », déplore-t-elle.
Ainsi, « Nos prières sont toutes orientées vers la sécurité. Quand y a l’insécurité, le commerce tourne au ralenti. Si l’insécurité ne finit pas, nous commerçants, on ne peut pas sourire.
Mais, grâce au leadership du président Traoré, on a espoir que la guerre finira et le marché reprendra son cours normal », souhaite-t-elle.
Elle rêve cependant de créer une grande entreprise pour mieux écouler facilement ses produits régulièrement.
Car « c’est un travail très rentable si le marché est stable », conclut-elle
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